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Darmanin, l'arrivisme en marche !





Pour mieux comprendre le gouvernement Macron-Philippe, dont les membres ont la trahison en point commun, observons un des plus jeunes et des plus emblématiques représentants de cette engeance : Gérald Darmanin.



Sans confession
Sans confession
Grimée sous les noms de « transgression » ou de « chamboule-tout », la trahison est la véritable marque de fabrique du gouvernement Macron-Philippe. Certes, ce n’est pas chose nouvelle et, avant eux, Chirac ou Sarkozy avaient su se glisser dans les habits du félon. Giscard s’en souvient, comme Chirac ou Sarkozy du reste …

Mais on atteint désormais un sommet. Prendre le train « En Marche », c’est par nature et par construction renier ses liens passés quand on est déjà en politique. Macron a fait faux bond à Hollande, Philippe à son parti, Bayrou à tout le monde, comme des déclarations peu amènes de Simone Veil le rappellent ( ICI ). La plupart des ministres ont tourné le dos à leurs engagements antérieurs. Ce n'est plus du retournement de veste mais de la haute couture.

Attardons-nous sur un cas emblématique, celui de Gérald Darmanin, benjamin de l'équipe et ministre de l’action et des comptes publics, portefeuille à la dénomination passablement énigmatique. Les autres ministères ne seraient-ils pas concernés par l’action publique ?

Mais qui est donc ce jeune homme ? Après des études aux Francs-Bourgeois à Paris où il vit avec sa mère, elle-même fille d'un tirailleur algérien, puis à Sciences-Po Lille, il rencontre très jeune le député Christian Vanneste qui le prend en stage au début de son second mandat en 2002 et lui propose d'être assistant parlementaire en 2005. Darmanin venait juste d'être embauché par Jacques Toubon, alors député européen, mais il travaillera en fait pour le député du nord.

Darmanin se comporte alors en catholique intransigeant et accompagne Vanneste dans sa croisade anti-lgbt dans les télés, radios, etc... En 2007, il organise la campagne pour la réélection de Vanneste, sur le thème "le courage du bon sens". En 2008, il est également directeur de la campagne municipale et figure sur la liste en bonne place. N'ayant pas gagné, son Mentor lui laisse le rôle de chef de file pour la mairie de Tourcoing.

Là commence son ascension. Présenté par Vanneste, encore lui, à Xavier Bertrand ce dernier accorde à Darmanin une responsabilité à l'UMP, lorsqu'il en assure la direction. Il figure ensuite en place éligible sur la liste des régionales et organise la campagne pour l'élection de David Douillet lors d'une partielle. Lorsque Douillet devient ministre, il entre dans son cabinet.

Le Delanopolis a Interrogé Vanneste sur ce qui est advenu depuis lors : "Pendant ce temps, nos relations demeuraient excellentes, même s'il m'arrivait de lui reprocher de délaisser la circonscription et Tourcoing. Des gens venaient me voir pour dire qu'il notait leurs demandes mais ne leur donnait aucune suite. Lorsque se produit la crise de 2012, avec le lynchage dont je suis victime à propos de ma dénonciation de la falsification historique de la prétendue déportation des homosexuels à partir de la France non annexée, il commence par avoir une attitude prudente disant qu'il ne partage pas mon point de vue, mais ne mordra pas la main qui l'a nourri. Il la dévore, peu après, avec le soutien du parti qui me désinvestit et le désigne comme candidat ! Les militants locaux de l'UMP le soutiennent. En revanche, les 4 maires de droite, notamment mon ancien chef de cabinet, Ledoux, et un autre collaborateur, devenu maire d'Halluin depuis, sont derrière moi. Mais en agglomération dense, et avec la campagne contre l'"homophobe" dans la presse, l'étiquette prévaut. Il est élu. Je prends alors conscience que mon propre cabinet avec lequel il entretient d'excellentes relations a en fait travaillé pour lui. Il les reprend !"

Ce résumé dessine le personnage, poursuit Vanneste : "Il n'approfondit rien, ne creuse aucun sillon, passe d'une action à une autre, est capable de se contredire en peu de temps. C'est une ambition quasi-pathologique et sans scrupule. Il veut la place. Vincent Ledoux, le député actuel, me disait que lors du lancement de sa campagne, il avait déclaré : "je ne serai pas ministre de Macron, mais je lui succéderai"!!! Les dossiers l'ennuient, l'écoute des gens le fatigue. Il aime les coups politiques, cultive le narcissisme de la communication permanente et passe d'une campagne à une autre. Son modèle est Napoléon, évidemment ! Mais il ne laissera ni le code civil, ni la nostalgie de l'épopée. Il est député en 2012. Il plagiera quelques-unes de mes propositions de loi. Les socialistes lui font remarquer. En 2014, il est élu maire de Tourcoing, comme je lui avais annoncé si raz de marée... qui a eu lieu.

En 2015, il devient vice-président de Xavier Bertrand et quittte l'Assemblée. Il est désormais ministre. Dans l'ensemble des postes occupés, le bilan est mince, voire nul. A l'Assemblée, rien de marquant. A Tourcoing, Mélenchon est arrivé en tête, suivi de Le Pen, puis de Macron, laissant Fillon quatrième. Il sait donc que sa mairie est peu sûre. Son ministère peut soit lui permettre de la garder en raison de son "aura" ( Il est le premier maire de Tourcoing à être ministre) soit en se faisant glisser à gauche. Sa politique locale va en ce sens : il a accueili avec enthousiasme l'Institut du Monde Arabe et Jacques Lang venu l'inaugurer. C'est un inconstant cynique : marié en grande pompe catholique à une militante dévouée, il a divorcé au bout de quelques années."

Résumons-nous : Macron a débauché dans son soi-disant chamboule-tout un arriviste forcené et calculateur mais aussi un courtisan séducteur qui gravi les échelons en trahissant à chaque fois ses appuis : Vanneste, Bertrand, Douillet, Sarkozy, dont il devient tès proche et qu'il soutient lors de la primaire. Manifestement, il ne plaît pas à Fillon et à ses proches. Il abandonne donc la campagne en critiquant les Républicains, lorsque Fillon se maintient. Il est à la tête des signataires en faveur du soutien à Macron après l'élection de celui-ci et en reçoit la récompense.

Darmanin avait également acquis des responsabilités au parti, au plan national et départemental. Il a quitté les premières et va être privé des secondes. Son calcul est double : soit il poursuit une stratégie sarkozyste depuis son départ de la campagne avec l'hypothèse d'une coalition après les législatives et d'un retour en force à LR de tous ceux qui auront voulu éliminer Fillon. La modération des LR locaux à son encontre va dans ce sens. Soit, il parie sur la victoire de Macron et sur son propre "roque" politique pour sauvegarder sa situation à Tourcoing et dans la Région afin de poursuivre vers l'Elysée. La victoire des Républicains est la seule hypothèse qui le gênerait, encore qu'elle lui permettrait peut-être de garder la ville avec une autre majorité.

Et voilà, chers lecteurs, le genre d'individu auquel la machinerie ambiante confie vos destinées gouvernementales !

Qui se ressemble s'assemble ...

Vendredi 19 Mai 2017
Serge Federbusch





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