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Gadafi à Paris ... 2


La suite tant attendue par nos lecteurs de la politicomédie signée Claude Feder.

(Acte 1 Scène 2)



Gadafi à Paris ...  2
(Un salon luxueux de l’Elysée, le coprince et Carlotta sont affalés sur un canapé, puis entre Cécilina)

Le coprince

Quelle plaie, quelle enflure, je vais droit dans le mur.
Donner à ce satrape des honneurs, des agapes,
Faire de ce palais de Paris la risée !
Tomber dans les chausse-trappes de la notoriété !
Etre coprince des farces et chanoine des attrapes.

Carlotta (le consolant en le prenant par l’épaule)

Mais non, mon beau Nico, il n’est pas si dingo…
Et même s’il nous vient d’un désert lybien,
Ce n’est pas un chameau, c’est juste un mégalo.

Le coprince

Si j’en crois la rumeur, c’est quand même un sauteur.
Ce n’est pas toi, j’espère, qui diras le contraire.
Il est capable du pire, de déchaîner les ires
De la presse à gonzesses par ses histoires de fesses.

Carlotta (approchant et haussant les épaules)

Enfin, mon doux coprince, nous sommes à Paris.
Même si son œil se rince, s’il n’est ni vu ni pris,
Il peut bien sous sa tente s’accorder des détentes.

Le coprince

Aujourd’hui tout est su.
Sous ta douche tu es nu, tu siffles, tu es guilleret
Et voilà qu’un sous-fifre te tire le portrait.
A la une des journaux, on ne voit que ta peau.
Demain, je le reçois mais ce n’est que pour toi.

(Entre Cécilina)

Cécilina

Et bien que faites vous là ? Et pourquoi ce tracas ?
On dirait que Ducal a gagné la finale.
C’est pourtant toi, chanoine, qui a raflé l’avoine.
Aux dernières élections tu fus la sensation.
Nous voilà tous les trois installés comme des rois.
Des dictateurs d’Afrique viennent dans ta boutique
Et tu fais le coquet, il faudrait te prier ?

Carlotta

Soeurette, tes remarques sont nettes.
Il fait le difficile, moi ce n’est pas mon style.
Nous en avons bavé : des années de secret,
Des séances de voltige pour que nul ne pige
Que nous sommes toutes deux à fréquenter ces lieux.
Il a fallu du bol pour que le protocole
Ignore qu’une duplique l’a tourné en bourrique,
Que des jumelles espiègles font fi de toutes les règles.

Le coprince

Cela suffit vous deux ! Je ne suis pas un bleu.
Je sais dans quel guêpier vous fûtes jadis tombées.
Que tout un ministère se mit sur votre affaire.
Et qu’il fallut promettre de lui livrer des traîtres,
Des fusils, des canons, des tonnes de munitions
Pour vous rapatrier de ce fichu bourbier.
Aujourd’hui, il réclame le prix de ces deux femmes
Qui minaudent à présent mais qui minaudaient moins
Pour sortir de prison.

Cécilina (approchant du coprince)

Mufle ! Méchant Tartuffe ! Qui t’a sauvé la truffe ?
Qui furent embastillées durant une longue année
Allant récupérer les clichés peu discrets
Qui faisaient le tourment de ton gouvernement ?
C’est beau les parties fines, mais elles donnent le spleen
Quand on voit ressurgir au milieu des émirs
Les traces de ses délires.

Carlotta

Bien parlé ma frangine ! Rappelle-toi leurs bobines !
Ils s’arrachaient les tifs pour quelques négatifs.
Et c’est bien grâce à nous s’ils ne sont pas au trou
Tous ces grands méchants loups qui tremblent des genoux.

Cécilina (s’asseyant sur le canapé de l’autre côté du coprince)

Tu sus mon beau chanoine te comporter en moine,
Attendre patiemment qu’ils claquent de toutes leurs dents
Et quand, sans faire de bruit, tu écartas des Bris
C’est qu’il était peu clair dans cette lugubre affaire.

Carlotta (lui caressant l’oreille)

C’est du donnant-donnant petit coprince charmant.
Te voilà président, mais il faut à présent
Offrir à Gadafi un lit et des calmants.

Cécilina (lui mordillant l’autre oreille, le coprince sursautant)

Tu es trop fine mouche pour faire la fine bouche.

Carlotta

Tel qu’on fait Tripoli

Cécilina

On se couche !

(La lumière bascule vers une autre partie de la scène. Dans une pièce voisine, Sganeron et Océane regardent un écran et écoutent la conversation.)

Sganeron

Je n’ai rien inventé et te voilà bouche-bée.

Océane

Ainsi elles sont bien deux et il n’est pas peureux
Car une partie de dames à jouer en bigame
C’est allumer un feu et attiser ses flammes.

(La lumière s’éteint)


A suivre ...

Dimanche 25 Janvier 2009
Serge Federbusch





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