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Kiosques à journaux parisiens : quand Hidalgo instrumentalise une fausse querelle des anciens et des modernes




Une tribune de Serge Federbusch pour FigaroVox



L’opinion publique parisienne est longtemps restée apathique face aux turpitudes de Delanoë aux Halles, à Jean Bouin, place de la République ou pour le massacre d’une voirie encombrée de séparateurs et bitoniaux inesthétiques et omniprésents. Elle est heureusement en passe de se réveiller avec Hidalgo.

Une pétition ayant très vite recueilli 45 000 signatures s’élève ainsi contre le projet de remplacement des kiosques à journaux actuels dont le dessin originel est dû au crayon de Gabriel Davioud. On lui doit un nombre impressionnant de réalisations caractéristiques du chic parisien sous Haussmann : les splendides grilles du parc Monceau, le belvédère des Buttes-Chaumont, les théâtres du châtelet et de la ville, le square des Batignolles, les fontaines Saint-Michel ou du Châtelet, la caserne de la place de la République, la volière du jardin d’acclimatation, etc, etc. C’est dire si son style, associé aux fameuses « promenades parisiennes », fait partie d’un décor urbain qui ravit aujourd’hui encore le public du monde entier lorsqu’il visite notre capitale.

Pour remplacer ces kiosques, Anne Hidalgo a fait appel à la société Decaux, autrefois honnie car associée aux Tibéri et qui pourtant depuis des années est chouchoutée par la mairie de « gauche ». Paris n’a jamais autant mérité son surnom de Decauxville, des Vélib’s aux panneaux d’affichage et aux abribus qu’on voit partout.
Cette entreprise bénie des dieux a recruté la designeuse Matali Crasset, femme de talent adepte de formes simples et épurées dans la continuité de l’esthétique des années 1970.

Le style Crasset n’est pas en cause. Ce qui pose problème, c’est la volonté de le substituer à la « grammaire Davioud » qui n’a en rien démérité et n’est aucunement ringarde ou pontifiante. Que les kiosquiers puissent bénéficier d’équipements plus commodes est une chose. Que cela passe par la substitution de volumétries brutalistes et cubisantes aux arabesques actuelles en est une autre. On peut parfaitement agrandir et réaménager intérieurement le modèle Davioud.

De même, le fait que les kiosques d’aujourd’hui soient pour l’essentiel des rééditions en plastique n’empêchent aucunement d’en fabriquer de nouveaux dans un métal analogue à celui des édicules originels. C’est très exactement ce que la RATP a fait lorsqu’elle a reconstruit les entrées de métro Guimard qui avaient été détruites dans les années 1960.

Ce qui pose problème dans la logique d’Hidalgo, c’est que l’introduction d’une esthétique nouvelle n’a de sens que si l’ancienne était défaillante ou s’il s’agit de répondre à des besoins nouveaux. Il est évident que fabriquer des bornes Autolib’ dans un pastiche du 19ème siècle aurait peu de signification. En revanche, s’en prendre à un style cohérent avec la ville et tout à fait charmant est inopportun. C’est une pseudo modernité gratuite au service d’une affaire de gros sous.

La démarche d’Hidalgo est tout aussi désagréable que le fond de l’affaire. Pour se justifier, elle tente de fabriquer de toutes pièces une querelle des anciens et des modernes. Elle va même jusqu’à tenter de tirer parti de ses propres turpitudes en expliquant que l’ignominie qu’elle entend perpétrer aux serres d’Auteuil est une autre facette de son ambition et que les défenseurs de ce site sublime seraient tout aussi obtus et passéistes que ceux qui entendent protéger les kiosques de Davioud.

Non Madame Hidalgo : ce sont ici et là les mêmes amoureux de Paris, ni plus ni moins.

Quant à la prétendue modernité dont elle se targue, comme elle est saumâtre quand on songe que c’est la même Hidalgo qui, emboîtant le pas de Delanoë, a participé à l’assassinat du projet de Rem Koolhaas aux Halles, qui aurait pour le coup introduit au cœur de la ville une architecture et un urbanisme vraiment innovants sur un site qui le justifiait.

En bref, Anne Hidalgo a la modernité et l’audace à géométrie variable, en fonction de ses petits accommodements et de ses intérêts, tous toujours éloignés de ceux de notre ville.

Mercredi 13 Juillet 2016
Serge Federbusch






1.Posté par Phil75 le 13/07/2016 18:39
Ce qui est particulièrement révoltant avec Madame "Moi Je", cette maire mal élue qui croit pourtant que Paris est sa propriété, c'est également le mépris avec lequel l'opinion des signataires de la pétition est balayée d'un revers de main. Certes ce n'est pas elle qu'il l'a fait directement mais sa sous-fifire Olivia Polski, qui a déclaré tout de go aux organisateurs de la pétition qu'il était hors de question de revenir au style haussmanien mais qu'on pouvait tout juste discuter de détails à la marge comme par exemple la couleur des conteneurs à déchets dessinés par Mme Crasset.

Ce qui démontre si c'était encore nécessaire que la "démocratie participative" à la sauce Hidalgo c'est "on peut discuter à condition que vous soyez 100% d'accord avec moi", après le "budget participatif" où n'ont été "élus" que les projets dans la ligne des lubies de madame la maire ("végétalisation", "circulations douces", etc.)

Qui plus est en refusant de prendre en compte les signatures des non-Parisiens, oubliant qu'en tant que capitale Paris appartient au fond à tous les Français. Le style Davioud et l'haussmannien restent, quoiqu'on dise, partie intégrante de l'identité de Paris. Mais il est vrai que le mot "identité" est honni par l'écolo-boboïtude, bien que ce ne soit pas une grossièreté. Hidalgo préfère une pseudo-modernité à deux balles qui fait qu'on est de moins en moins capable de différencier Shangaï de Buenos Aires. Elle honnit l'harmonie et ne s'extasie que devant l'architecture "brutaliste" d'immeubles ressemblant à des tanks de Guderian, hurlant leur mépris de leur environnement urbain existant.

Je ne partage cependant pas l’enthousiasme de Serge Federbusch pour le projet de Rem Koolhaas qui a tout de même récolté des "Carbuncle Cups" outre-Manche, tout en reconnaissant toutefois qu'il était "moins pire" que l'espèce de cafard géant surplombant désormais les Halles.

2.Posté par challier le 17/07/2016 03:21
C'est la banale subversion marxiste :
couper les Français de leur histoire et de leur passé, pour détruire leur identité.
Pie XII fustigeait "le marxisme intrinsèquement pervers, avec il ne faut se commettre en aucune façon".

Et aussi pour madame hasch, le Veau d'or est toujours debout....
et Satan conduit le bal (bis) !
Comme dans le Faust de Gounod.

Elle agit avec le même vandalisme que les talibans à Banyan et Bagdadi à Palmyre et Babylone.
C'est donc du terrorisme artistique. Sa sollicitude pour le ramadan coïncide avec cette connivence.

Pour l'invocation des serres d'Auteuil, le principe de droit Romain "nemo auditur, propriam turpitudinem allegans", est toujours en vigueur devant tous les tribunaux de la Ripoublique bananière et ploutocratique d'Hexagonie.

Que tous les désastres ne vous empêchent pas de dormir ! Dormez braves gens, M. Cazevide veille !

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