Connectez-vous
DELANOPOLIS
Revenir à l'accueil | Envoyer à un ami | Version imprimable | Augmenter la taille du texte | Diminuer la taille du texte | Partager

Le gouffre

Le secret le plus jalousement gardé de Paris est en train d’être distillé par bribes. Très discrètement, au cours de la présentation du compte administratif pour 2007, la mairie a lâché l’embarrassante nouvelle au Parisien qui l’a à peine relevée au détour d’une phrase : les aménagements de voirie ont coûté 3, 5 milliards d’euros sous la précédente mandature.



Vous ne rêvez pas : 3,5 milliards d’euros, près de 23 milliards de francs comme on disait encore quand Delanoë est devenu maire. Et il a bien été précisé que ceci n’incluait pas le Tramway des maréchaux.

Tous ces travaux incessants, ces trous, ces murets, ces couloirs de bus et quartiers verts, faits et défaits à Magenta, Saint Marcel, Montparnasse, Barbès, La Chapelle, Jaurès, Kléber, La Fayette, partout dans Paris et qui défigurent le paysage urbain légué par Haussmann, on savait bien qu’ils avaient un coût et que ce dernier devait être énorme.

Mais on atteint ici le colossal. Cette somme représente plus de deux années de fiscalité locale directe. Si vous cherchez des points de comparaison plus concrets en voici quelques uns.

Les « Delanoe’s Folies » de la voirie ont coûté aux Parisiens en 7 ans l’équivalent, au choix, de :

  • 9.722 trois pièces de 60 mètres carrés au prix moyen de 6.000 euros par mètre carré

  • 454 millions d’heures de garde d’enfants en crèches ou à domicile

  • 421 fois la restauration complète de la Tour Saint Jacques, si longtemps retardée car paraît-il trop onéreuse

  • 73 ans de subventions municipales aux caisses des écoles pour nourrir les élèves

  • 1 milliard de repas dans les cantines scolaires au tarif maximum en vigueur pour les familles les plus aisées

  • 160 fois l’acquisition et la rénovation de la piscine Keller

  • 350 années d’aide à l’intégration pour les étrangers résidant à Paris, au moment où la mairie nous rebat les oreilles avec sa votation citoyenne

  • 14 années de fonctionnement du service de la propreté

  • 368 ans de crédits en faveur des jeunes

  • 269 fois l’aménagement des jardins d’Eole

  • près de 2 années de masse salariale versée aux agents de la ville

  • etc ….

A ceux qui ne s’intéressent pas particulièrement à Paris, on pourra dire que cela représente par exemple 140 années du budget d’acquisition d’œuvres d’art des musées nationaux et 12 fois le stade de France.

Et tout çà pour quoi ? La pollution recule essentiellement grâce aux nouvelles motorisations, le trafic de passagers de bus stagne et Paris est hérissé de potelets de plastique noircis et déformés quelques semaines après leur installation. Ces aménagements à marche forcée ont nécessairement placé la ville en position de faiblesse face aux entreprises de B.T.P. au moment des appels d’offres, provoquant une envolée des coûts.

Pour être fair play, les seuls travaux utiles au milieu de cette gabegie -et dont on croit savoir qu’ils ont été intégrés dans ce coût sans que ce soit une certitude tant règne l’opacité- concernent la couverture du boulevard périphérique porte de Vanves et porte des Lilas. Ils ne s’élèvent qu’à moins de 150 millions d’euros, moins de 5 % du total des dépenses. Il doit y avoir aussi le petit entretien de la voirie mais il est sans commune mesure avec les montants indiqués.

En 2001, la première décision de Delanoë avait consisté à lancer un audit de l’état des finances de la ville. Il est évident qu’il faudrait aujourd’hui le renouveler, avec une attention particulière portée à ce qui s’est passé à la Direction de la voirie et des déplacements depuis 2001. Tous ces chiffres devront être rappelés avec force quand Delanoë voudra augmenter les impôts des Parisiens, non pour faire face à ses investissements, comme il prétendra, mais pour solder ses gaspillages. Car dépenser l’argent public en travaux inutiles, ce n’est pas investir.


Dimanche 22 Juin 2008
Serge Federbusch






1.Posté par parigottetedeveau le 26/06/2009 13:27
Pouvez-vous donner les références de l'article du parisien qui en parle, où indiquer où trouver les comptes de la mairie qui mentionnent ce chiffre SVP?

Merci pour votre vigilance!!

2.Posté par GROGNARD Gaspard le 21/07/2011 08:06
Il est évident, qu'un jour, les chiffres confirmeraient ce qu'on peut constater chaque jour, autour de nous, quand nous sillonnons les rues de la capitale.
Le plus significatif des absurdités de constructions inutiles :
- les couloirs de bus toujours encombrés par des véhicules de livraisons ou autre. Empruntés par de nombreuses motos, bien que ces aires leur soient interdites.
Vides souvent, car peu de bus à Paris, alors que des embouteillages paralysent la circulation sur les couloirs rétrécies qui restent.
- les pistes cyclables à contre sens. Dangereuses initiative, coûteuses à installer, pour de rares vélos. Dans ma rue, couloirs matérialisés plus un feu tricolore, pour environ une vingtaine de bicyclettes journalières.
- installations de dispositifs pour voies piétonnes où circulent une énorme quantité de véhicules de toutes sortes, à toutes heures, dans tous sens, rendant ces voies piétonnes plus dangereuses qu'une voie normale.
À propos de bus ; ils sont de plus en plus rares et comme cela engendre une désaffection, on voit les quelques voitures qui circulent difficilement dans la circulation engorgée, ne contenir que quelques passagers. Hier, nous étions deux dans un très rare 74. Ce dernier d'ailleurs, dont le terminus se trouve avenue Victoria (près de l'Hôtel de Ville), a vu son arrêt reporté au Châtelet, à cause d'un tout petit chantier obligeant les passagers à une longue marche. Parfait pour les personnes à mobilité réduite qui déjà ne peuvent pas emprunter le métro, faute de moyen moderne d'accès (ascenseurs par exemple).

etc. etc.

3.Posté par blum le 30/12/2012 07:47
A tous les travaux inutiles et ruineux-dignes de l'ideologie communiste-que vous évoquez, s'en ajoutent d'autres: rétrécissement absurde de l'espace utile aux véhicules pour élargir les trottoirs, rue de la Roquette (cela fait plus de place aux terrasses de bistrots, sans doute,mais était-ce une priorité?Pendant ce temps-là,l'accès vers Paris -et les sorties- restent cauchemardesques ,faute de travaux urgents pour moderniser enfin les voies périphériques de la Capitale .Plus modestement, on ne peut meme pas attendre qe Delanoe fasse nettoyer les drapeaux français (Mairie du 11éme), pour le 11novembre. Apres que j'eus écrit une lettre disant ma honte à P. Bloche, j'ai reçu, un mois plus tard une lettre d'un sous-fifre, disant qu'il n'avait pas une "dotatio suffisante" ...Bien à vous. Et merci pour votre site que je découvre ces jours-ci. D.B.

4.Posté par Indignation le 27/08/2013 09:39
Et avec tout ça, les chaussées sont pleines de trous....

Nouveau commentaire :


Dans la même rubrique :
1 2 3 4 5 » ... 36

Editos | Les Dernières Nouvelles de Delanopolis | Brèves de trottoir | Ségo Bashing | PariBao - le Dazibao de Paris | Delanopolis hors les murs | Delanopolis Street Art | Gastropolis | Le Delanopolis littéraire | Jouez au Delanopolis | Chroniques Jupitériennes