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Ô Torino


Ce qui est fascinant dans l'immense succès critique de Gran Torino, ce n'est pas qu'il encense un des plus mauvais films de Clint Eastwood, ni qu'il est le témoin d'une perte quasi totale de culture cinématographique. C'est qu'il en dit long sur le malaise social vis-à-vis des vieux.



Ô Torino
Consternant ! Remplacez Clint par Chuck (Norris) ou Charles (Bronson) et vous aurez au choix le énième nanar sur la rédemption d'un faux raciste - en réalité traumatisé par de vilaines expériences en Corée - qui finit par se sacrifier pour une famille de substitution qu'il détestait peu auparavant.

Un exercice d'accumulation de poncifs où les borborygmes et le cabotinage de Clint aident le spectateur à suivre le chemin bien balisé qui le mènera à l'ultra politiquement correct. Bien sûr, cher Clint, les bons et les méchants, ce n'est pas une question de couleur de peau, de traditions culinaires ou de langage. Mais avions-nous besoin de ce film pour le savoir ? Et pour nous le répéter sur un mode si convenu ? Sur un thème voisin, John Ford, pour ne citer que lui, a fait ... allez, disons 100.000 fois mieux. Même Cimino dans "l'année du dragon" est meilleur.

Gran Torino, en fait, c'est l'histoire d'un papy égaré dans une pub Benetton. Et c'est là que réside la clé du succès du film. Nos vieux (pardon, nos personnes âgées), c'est à dire potentiellement nous-mêmes dans peu de temps, sont de plus en plus nombreux, difficiles à gérer et moralement et économiquement encombrants pour des sociétés qui se réfugient dans la dette et la consommation immédiate. Qui voudra leur prêter et comment rembourseront-ils ? Leurs éconocroques sont en revanche fort appétissantes et agitent les crocs de tous ceux qui courent après l'argent. Ils sont nombreux en ce moment.

Alors, après les avoir laissés gentiment s'asphyxier par temps de canicule, allons communier autour de l'illusion qu'ils ont encore la gnaque et peuvent en imposer aux zonards du coin.

Clint, ressaisis-toi ou on appelle l'inspecteur Harry !



Dimanche 5 Avril 2009
Serge Federbusch





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