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Orange presse le citron des bibliothèques parisiennes




Entre les pannes informatiques, les fermetures intempestives et les problèmes sociaux, chacun sait que les bibliothèques parisiennes, pas suffisamment bling-bling sans doute, souffrent sous Delanoë.

C'est donc le moment de chercher des sponsors, au grand dam des proclamations de vertu servicepublicaines outragées, de la "gauche" parisienne.

Et, du reste, les employés de la direction des affaires culturelles, sont là pour ramasser les pépins de l'Orange ...



Orange presse le citron des bibliothèques parisiennes
La société « Orange » s’incruste en douce dans une bibliothèque parisienne !

On connaissait les dérives générées par les multiples partenariats commerciaux développés par la vénérable Bibliothèque Nationale de France (BnF). Désormais, c’est au tour d’une bibliothèque parisienne d’être victime de l’intrusion d’une marque dans ses propres locaux.

Oh, certes, la notion de sponsoring est à l’œuvre depuis longtemps à la Mairie de Paris, avec des opérations aussi diverses que « Paris Plage, « Nuit blanche », ou « Pampers » mais maintenant c’est aux bibliothèques municipales de subir les assauts d’une publicité déguisée. Après une première tentative avortée à la médiathèque Marguerite-Yourcenar (XVème), c’est à la bibliothèque Mouffetard (Vème) que va s’inaugurer un partenariat d’un nouveau genre, qui bien que peu culturel, n’en privatise pas moins l’espace public.

Au prétexte délicat d’une démarche écologique et citoyenne, la municipalité va installer dans cette bibliothèque un collecteur de téléphones mobiles usagés. Ce collecteur baptisé « Mobo » vous sourit ou change de couleurs au fur et à mesure qu’il se remplit, car Mobo en plus d’être « ludique » est également « malin » si l’on en croit le site de présentation de l’opération.

Un observateur attentif remarquera toutefois que la couleur dominante de ce site est l’orange avec une palette graphique qui n’est pas sans rappeler celle d’un célèbre opérateur téléphonique. Il est vrai qu’en allant en bas de la page d’accueil on peut voir que l’opération « mobo est inspiré par Orange » avec l’apposition de son célèbre logo en sus. Précision bienvenue car notre ancien « France Télécom » s’avançait pour le moins prudemment pour se refaire, mine de rien, une virginité solidaire et écologique.

Mais à y regarder de près, on se demande bien quel est l'intérêt de ce "service" sinon de placer encore et toujours de la publicité dans les lieux publics. Car à lire les arguments développés sur le site de promotion, on se dit que les promoteurs d'un tel gadget auraient dû faire un tour en bibliothèque : "En donnant une seconde vie à ces mobiles, la production de CO2 pourrait être divisée par 2. En France par exemple, si 1 mobile inutilisé sur 5 était recyclé, nous économiserions 300 000 tonnes de CO2, soit l'équivalent de 2 milliards de kilomètres parcourus en voiture. Ou encore 5 202 fois la distance Terre-Lune. Qu'en dirait Jules Verne ?"

Hum... passons sur l'avis de Jules Verne, le pauvre et concentrons-nous sur cette seconde vie : en quoi le fait de refiler des vieux portables à des pays pauvres va-t-il réduire le taux de CO² ? En évitant aux portables de repartir où ils ont été fabriqués ? Par avion ou en bâteau ? Parce qu'à l'issue de leur seconde vie ils iront s'accumuler dans les déchetteries à ciel ouvert du tiers monde ? Par ce qu'en sus le robot collecteur ne consomme pas d'énergie (connexion internet, GRPS et somme toute électrique, sans parler de la fabrication, probablement en Chine ) ?

Ah, vraiment, si Orange se repeint en vert avec cette grande tentative de « greenwashing », on ne voit pas bien ce que vient faire la Mairie de Paris là-dedans (et encore moins les bibliothèques). En regardant la liste des adresses où sont installés les collecteurs « mobo », on remarque que la bibliothèque Mouffetard est le seul établissement public à y figurer au côté de toutes les boutiques « Orange » de Paris. Il est donc à craindre que d’autres bibliothèques soient concernées prochainement.

Il semble que la Ville de Paris, encore une fois, fasse preuve de plus d’énergie pour installer des boites de recyclage sponsorisées dans ses bibliothèques plutôt que de veiller à leur entretien. Sachant que les bibliothèques parisiennes sont sujettes à de graves pannes informatiques récurrentes et que par ailleurs c’est la même société « orange » qui recycle ses portables et fournit les connexions wifi dans les bibliothèques et les parcs et jardins de la capitale, c’est peut être la base d’un futur partenariat pour améliorer les communications à la Ville de Paris qui se dessine ?

Bon en tout cas à la BnF, si c‘est toujours tout bénef, maintenant dans les bibliothèques de la Ville de Paris aussi.

Posez votre oreille ICI.



Lundi 3 Septembre 2012
Serge Federbusch





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