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Tout pour les uns, rien pour les autres !


Amusant rapprochement, cette semaine, entre les plaintes des agents des bibliothèques parisiennes, submergés par un public accueilli en parkas, faute de crédits, et les étendues désertes, coûteuses et élitistes du « 104 », dont l’implantation et le concept même apparaissent de plus en plus absurdes.



Tout pour les uns, rien pour les autres !
L'infatigable syndicat Supap de la direction des affaires culturelles nous en apprend encore une bien bonne au sujet de la grande misère des bibliothèques parisiennes.

"La bibliothèque de la Goutte d’Or est victime du froid qui s’est abattu sur Paris ces derniers jours. La porte d’entrée, automatique ne fonctionne plus, depuis déjà plusieurs jours, la température de l’établissement est descendue bien bas au rez de chaussée, obligeant les usagers et le personnel à bien se couvrir pour se protéger du froid. La bibliothèque Goutte d’Or a de fait été transférée dans le célèbre quartier parisien de La Glacière (13ème). Dans ce même arrondissement la bibliothèque de la Place d’Italie a également été victime du même phénomène, et le public a été accueilli, pendant plusieurs semaines par des bibliothécaires vêtus en permanence de bonnets, écharpes et parkas ( !) devenant une sorte de prolongement du marché de noël installé à quelques mètres de là. Depuis des radiateurs électriques ont été installés en urgence.

Pour illustrer cette série noire, la nouvelle médiathèque Marguerite Yourcenar (15ème) est quant à elle victime de pannes électriques et informatiques à répétition, ce qui l’a contraint à fermer ses portes à plusieurs reprises. La bibliothèque François Villon (10ème), elle, a un nouvel ascenseur, malheureusement défectueux, ce qui perturbe son fonctionnement et la bibliothèque Goutte d’Or (encore elle !) voit des pans de laine de verre pendre du plafond depuis plus d’un an. La Ville de Paris néglige la maintenance de ces établissements et se préoccupe fort peu des conditions de travail de ses personnels et de l’accueil du public.

C’est dans ce contexte que Christophe Girard (Adjoint Chargé de la Culture) a décidé de rayer (d’un trait de plume?) la bibliothèque Vaugirard (15ème) de la carte en proposant de récupérer tous les postes affectés à cet établissements pour les redéployer. La lecture publique à Paris est bien mise à mal, de nombreux postes budgétaires vont être supprimés dans les bibliothèques si les élus entérinent ces propositions. Une culture « bling-bling » est en train de prendre le pas sur une culture de proximité au cours de cette nouvelle mandature parisienne."

Dont acte. Mais, alors, où va l'argent que Delanoë & Co distribuent abondamment au nom de la culture ? Pour le savoir, il suffisait de lire, la semaine dernière, dans le "Parisien" cet intéressant reportage sur le "104", squat d'artistes à 150 millions d'euros inventé par Delanoë et Girard. Ce journal commencerait-il à prendre ses distances avec la mairie ?

« Après son inauguration en grandes pompes par le maire de Paris, que devient la gigantesque cité artistique de 40 000m2 greffée en plein quartier populaire du XIXe arrondissement ? Manifestement, le 104, du numéro qu’il occupe rue d’Aubervilliers, peine à prendre ses marques. Sur le papier, le 104 est présenté comme une révolution dans la pratique artistique, une ruche bourdonnante où les artistes en résidence sont censés montrer leur travail en temps réel à un public curieux. Dans la réalité, le lieu apparaît souvent désert, sans vie, ou alors bondé et inaccessible lors de spectacles grand public. « A plusieurs reprises, je me suis retrouvée perdue, seule, au milieu des grandes halles, tous les ateliers étaient fermés, raconte une jeune habitante du XIXe, le look branché et adepte de culture contemporaine. Il faut réserver sur Internet avant de venir, sinon on se casse le nez. Et il n’y a qu’une petite cahute qui vend des pizzas ! » La « rue couverte » créée à l’intérieur de l’immense bâtiment qui relie la rue Riquet à celle d’Aubervilliers, est censée servir de passage public : « Les gens n’osent pas trop l’emprunter, confie un commerçant voisin. Ils hésitent devant les vigiles placés aux entrées. »

Mardi soir, surprise : le passage est carrément fermé : « Soirée VIP », lâche laconiquement un vigile peu engageant. Sur le programme, la fermeture n’était pas indiquée. Les directeurs du 104 s’étaient pourtant engagés à ce que les événements privés organisés là ne condamnent jamais l’accès à la rue intérieure. « Mea culpa, c’est exceptionnel, nous n’avons pas pu faire autrement, plaide Frédéric Fissbach, l’un des codirecteurs du 104.On accueillait mardi soir l’événement Web 3.0, le deuxième plus grand rassemblement de blogueurs de la planète. On a été obligé de fermer alors que ce n’était pas prévu. » Toute la soirée, l’entrée du 104 a vu un défilé de VIP, accréditations accrochées au cou, gros 4 x 4 garés sur les trottoirs, taxis déversant des invités. Loin, très loin de l’image grand public affichée par le 104. »

Et voilà, tout pour les uns, ceux qui permettent de fabuleuses inaugurations, rien pour les autres.


Dimanche 14 Décembre 2008
Serge Federbusch





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