On connaît les bonnes intentions qui pavent l'enfer de la voirie parisienne depuis 2001 : améliorer l'attractivité des bus et faciliter les déplacements à vélo. Le résultat, on ne le dira jamais assez, est un échec s'agissant des bus dont la fréquentation n'augmente pas car ils souffrent des embouteillages générés par les aménagements censés les favoriser. Une sorte de maladie auto-immune en quelque sorte ... En réalité, depuis 1995, le nombre de voyages en bus plafonne aux alentours de 1,2 million par jour ouvrable. Ils ont même connu une baisse sensible entre 2003 et 2006.
Quant aux vélos, leur part de marché reste très faible, moins de 2 % des trajets intra-muros et encore beaucoup moins au niveau francilien, malgré tous les efforts consentis en leur faveur. Ils sont peu adaptés à la ville, non pas du fait de l'insuffisance des aménagements, mais parce que la dimension de Paris (sans parler de la région !) et la morphologie de sa voirie (tracés souvent peu rectilignes et rues pentues notamment) les rendent inadaptés pour de nombreux usagers (trop jeunes, trop vieux, trop chargés, trop pressés, trop éloignés de leur destination, trop peu valides, etc ...).
Mais ce diagnostic n'est pas politiquement correct et ne permet pas de faire de belles campagnes de com'. Aussi, depuis 2001, la mairie tente-t-elle d'accoucher au forceps des rues et boulevards encombrés d'édicules où les conditions de circulation s'aggravent.
Au hit-parade des quartiers endommagés, l'ensemble constitué par les boulevard de Magenta, de Rochechouart et la rue Lafayette occupe une place de choix, sans doute la première. La prétendue "promenade de Magenta", comme le proclamait des écologistes bravaches lors de son inauguration, vire au cauchemar. Les encombrements se sont étendus à tous les axes qui y mènent, notamment la pauvre rue de La Fayette pour laquelle il faut inverser la célèbre formule : "La Fayette ne nous voilà pas !"
Une des preuves les plus flagrantes de cet échec est le remaniement continuel de ces axes, le dernier en date étant la grotesque interdiction pour les cyclistes d'emprunter la voie de bus à contre-sens, qui orne Paris de disgracieux panneaux jaunes, inconnus du code de la route.
Mais voilà, selon le mode de fonctionnement éternel des entreprises dogmatiques, les échecs qu'elles essuient ne sont pas dûs à leurs défauts mais au fait qu'elles n'ont pas été poussées assez loin. Par une de ces dingo-délibérations dont il a le secret, le maire de Paris va donc proposer de réaménager à nouveau la rue La Fayette et les abords des gares Saint-Lazare, du Nord et de l'Est. Le prétexte ? Encore et toujours l'amélioration du sort des bus (en novlangue le "programme Mobilien") et des vélos. Le projet ? Il est vaste et inquiétant et nous n'en retiendrons que les principaux points.
D'abord, modifier l'itinéraire des bus 26, 43 et 32, qui roulent actuellement à contre-sens rue La Fayette et qui seraient "déportés" vers la rue de Maubeuge. Cette dernière sort à peine de travaux qui ont duré plus d'un an, ont été fort coûteux et ont rétréci la chaussée. C'est donc sur cet espace réduit que les bus devront s'engouffrer, provoquant des embouteillages sur la seule grande rue du secteur qui en est aujourd'hui à peu près exempte et tuant la vie commerciale qui a peine à s'y développer. A cela s'ajouteront des aménagements de "Lincoln" et de barrières supplémentaires pour discipliner les livraisons, menacées par le passage des bus supplémentaires. Il y a peu, la rue de Maubeuge devait devenir un modèle d'amélioration de l'espace public. Elle est promise au triste sort des voies amochées et encombrées qui peuplent désormais les 9ème et 10ème arrondissements.
Et pour quoi faire ? Permettre la suppression du couloir de bus qui descend de Magenta à la rue Cadet, nous dit la mairie. Alors là : bravo ! Cet aménagement stupide et dangereux qui paralyse la circulation a en effet été le théâtre récent d'une mort à Vélib'. Sa disparition est une bonne chose.
Hélas, notre approbation sera de courte durée car la mairie prévoit de recréer un couloir de l'autre côté de la rue, plus large encore !!! Le problème de fond, à savoir que le gabarit de la rue La Fayette ne permet pas l'existence d'un tel couloir au vu du trafic qui y passe, sera donc aggravé. D'autant plus que, du côté où le couloir sera détruit, on prévoit maintenant une piste cyclable mordant en partie sur le trottoir ... Les leçons de Magenta ne sont pas tirées et ce ne sont pas un vague dénivelé et une couleur de revêtement différente qui règleront les problèmes de cohabitation entre cyclistes et piétons. Perseverare diabolicum.
Pour continuer à dresser la longue liste des inepties et autres bizarreries, on relèvera, pêle-mêle, l'implantation d'un couloir supplémentaire sur la rue de Chateaudun, le rétrécissement de la chaussée à l'angle des rues Cadet et La Fayette et, suprême bonheur, le maintien du double sens devant le square Montholon qui, nous explique la mairie, provoquera "l'interruption momentanée de la piste, les cyclistes étant invités à emprunter la chaussée sur cette partie de voie, un jalonnement attirant l'attention des automobilistes" ! En termes clairs : un vrai gymkhana sur une artère congestionnée où les bonnes gens seront en permanence furieux et auront bien d'autres choses à faire que de scruter les peinturlurages municipaux.
Mais les "Delanoë's folies" ne s'arrêteront pas là, loin s'en faut. Les abords de la gare Saint-Lazare, déjà fréquemment saturés, seront eux-aussi remaniés par des couloirs en contre-sens rues Saint-Lazare, Mogador et Blanche, des voies assez courtes et qui servent d'itinéraires de dérivation, ainsi promises à de nouveaux embouteillages. Le sommet est atteint par l'intention affichée de changer le sens de circulation de la rue de la Chaussée d'Antin, très souvent congestionnée car elle est l'une des seules à permettre de remonter vers le Nord Parisien quand on circule du côté des grands magasins et de l'Opéra. Ceux qui voudront aller vers Clichy ou les Batignolles seront priés de s'enquiquiner jusqu'à Malesherbes sans doute ?
Tout ceci, chers lecteurs, est peut-être un peu technique mais les pauvres diables qui ont le malheur de devoir se déplacer dans cette zone (ils sont des dizaines de milliers chaque jour) comprendront parfaitement ce que le Delanopolis veut dire et qu'il dénonce cette énième aberration circulatoire.
Son ressort est toujours le même : démagogie, incompétence et, en prime désormais, impécuniosité. Cette dernière force l'ombrageux Delanoë à tendre la sébile à M. Huchon, à qui il voue d'ordinaire une amitié si touchante. Coût estimé des réjouissances : 8 millions d'euros ! Pourquoi se priver ? Pour paraphraser une formule du grand siècle : "chaque fois que Delanoë invente un gaspillage, Dieu crée des contribuables pour devoir le financer".
Quant aux vélos, leur part de marché reste très faible, moins de 2 % des trajets intra-muros et encore beaucoup moins au niveau francilien, malgré tous les efforts consentis en leur faveur. Ils sont peu adaptés à la ville, non pas du fait de l'insuffisance des aménagements, mais parce que la dimension de Paris (sans parler de la région !) et la morphologie de sa voirie (tracés souvent peu rectilignes et rues pentues notamment) les rendent inadaptés pour de nombreux usagers (trop jeunes, trop vieux, trop chargés, trop pressés, trop éloignés de leur destination, trop peu valides, etc ...).
Mais ce diagnostic n'est pas politiquement correct et ne permet pas de faire de belles campagnes de com'. Aussi, depuis 2001, la mairie tente-t-elle d'accoucher au forceps des rues et boulevards encombrés d'édicules où les conditions de circulation s'aggravent.
Au hit-parade des quartiers endommagés, l'ensemble constitué par les boulevard de Magenta, de Rochechouart et la rue Lafayette occupe une place de choix, sans doute la première. La prétendue "promenade de Magenta", comme le proclamait des écologistes bravaches lors de son inauguration, vire au cauchemar. Les encombrements se sont étendus à tous les axes qui y mènent, notamment la pauvre rue de La Fayette pour laquelle il faut inverser la célèbre formule : "La Fayette ne nous voilà pas !"
Une des preuves les plus flagrantes de cet échec est le remaniement continuel de ces axes, le dernier en date étant la grotesque interdiction pour les cyclistes d'emprunter la voie de bus à contre-sens, qui orne Paris de disgracieux panneaux jaunes, inconnus du code de la route.
Mais voilà, selon le mode de fonctionnement éternel des entreprises dogmatiques, les échecs qu'elles essuient ne sont pas dûs à leurs défauts mais au fait qu'elles n'ont pas été poussées assez loin. Par une de ces dingo-délibérations dont il a le secret, le maire de Paris va donc proposer de réaménager à nouveau la rue La Fayette et les abords des gares Saint-Lazare, du Nord et de l'Est. Le prétexte ? Encore et toujours l'amélioration du sort des bus (en novlangue le "programme Mobilien") et des vélos. Le projet ? Il est vaste et inquiétant et nous n'en retiendrons que les principaux points.
D'abord, modifier l'itinéraire des bus 26, 43 et 32, qui roulent actuellement à contre-sens rue La Fayette et qui seraient "déportés" vers la rue de Maubeuge. Cette dernière sort à peine de travaux qui ont duré plus d'un an, ont été fort coûteux et ont rétréci la chaussée. C'est donc sur cet espace réduit que les bus devront s'engouffrer, provoquant des embouteillages sur la seule grande rue du secteur qui en est aujourd'hui à peu près exempte et tuant la vie commerciale qui a peine à s'y développer. A cela s'ajouteront des aménagements de "Lincoln" et de barrières supplémentaires pour discipliner les livraisons, menacées par le passage des bus supplémentaires. Il y a peu, la rue de Maubeuge devait devenir un modèle d'amélioration de l'espace public. Elle est promise au triste sort des voies amochées et encombrées qui peuplent désormais les 9ème et 10ème arrondissements.
Et pour quoi faire ? Permettre la suppression du couloir de bus qui descend de Magenta à la rue Cadet, nous dit la mairie. Alors là : bravo ! Cet aménagement stupide et dangereux qui paralyse la circulation a en effet été le théâtre récent d'une mort à Vélib'. Sa disparition est une bonne chose.
Hélas, notre approbation sera de courte durée car la mairie prévoit de recréer un couloir de l'autre côté de la rue, plus large encore !!! Le problème de fond, à savoir que le gabarit de la rue La Fayette ne permet pas l'existence d'un tel couloir au vu du trafic qui y passe, sera donc aggravé. D'autant plus que, du côté où le couloir sera détruit, on prévoit maintenant une piste cyclable mordant en partie sur le trottoir ... Les leçons de Magenta ne sont pas tirées et ce ne sont pas un vague dénivelé et une couleur de revêtement différente qui règleront les problèmes de cohabitation entre cyclistes et piétons. Perseverare diabolicum.
Pour continuer à dresser la longue liste des inepties et autres bizarreries, on relèvera, pêle-mêle, l'implantation d'un couloir supplémentaire sur la rue de Chateaudun, le rétrécissement de la chaussée à l'angle des rues Cadet et La Fayette et, suprême bonheur, le maintien du double sens devant le square Montholon qui, nous explique la mairie, provoquera "l'interruption momentanée de la piste, les cyclistes étant invités à emprunter la chaussée sur cette partie de voie, un jalonnement attirant l'attention des automobilistes" ! En termes clairs : un vrai gymkhana sur une artère congestionnée où les bonnes gens seront en permanence furieux et auront bien d'autres choses à faire que de scruter les peinturlurages municipaux.
Mais les "Delanoë's folies" ne s'arrêteront pas là, loin s'en faut. Les abords de la gare Saint-Lazare, déjà fréquemment saturés, seront eux-aussi remaniés par des couloirs en contre-sens rues Saint-Lazare, Mogador et Blanche, des voies assez courtes et qui servent d'itinéraires de dérivation, ainsi promises à de nouveaux embouteillages. Le sommet est atteint par l'intention affichée de changer le sens de circulation de la rue de la Chaussée d'Antin, très souvent congestionnée car elle est l'une des seules à permettre de remonter vers le Nord Parisien quand on circule du côté des grands magasins et de l'Opéra. Ceux qui voudront aller vers Clichy ou les Batignolles seront priés de s'enquiquiner jusqu'à Malesherbes sans doute ?
Tout ceci, chers lecteurs, est peut-être un peu technique mais les pauvres diables qui ont le malheur de devoir se déplacer dans cette zone (ils sont des dizaines de milliers chaque jour) comprendront parfaitement ce que le Delanopolis veut dire et qu'il dénonce cette énième aberration circulatoire.
Son ressort est toujours le même : démagogie, incompétence et, en prime désormais, impécuniosité. Cette dernière force l'ombrageux Delanoë à tendre la sébile à M. Huchon, à qui il voue d'ordinaire une amitié si touchante. Coût estimé des réjouissances : 8 millions d'euros ! Pourquoi se priver ? Pour paraphraser une formule du grand siècle : "chaque fois que Delanoë invente un gaspillage, Dieu crée des contribuables pour devoir le financer".