Il y a 40 ans, le Wepler était l’ « institution » de la place de Clichy, la brasserie chic du quartier, tout à côté du fabuleux cinéma Gaumont ( voir ici), le plus grand de France, scandaleusement rasé pour laisser place à une des plus ignobles constructions de Paris. Comme ailleurs, des cafés ont poussé, plus modernes, éclairages indirects, service jeune et décontracté, en attendant l’invasion des « lounges » et des décors imposés par les frères Coste et leurs suiveurs. Le Wepler est donc tranquillement et sûrement tombé dans la désuétude et c’est tout son charme aujourd’hui. Hasard et nécessité m’y ont conduite : devant donner un rendez-vous place de Clichy, je ne parvins pas à trouver un autre lieu d’évidence que le Wepler. Je le fis donc avec résignation.
Quelle ne fut ma surprise en redécouvrant les banquettes en moleskine rouge, par endroits rapiécées d’une espèce de sparadrap carmin. La hauteur de plafond, les grands lustres des années 70, offrent un espace spacieux et clair. La salle, de vastes dimensions, a de nombreux recoins, très agréables pour qui veut s’isoler du bruit ambiant. La partie « terrasse » est bien séparée de la salle, et à l’intérieur règne une étonnante quiétude. Elle jouit de grandes baies vitrées, garnies à mi-hauteur de voilages protecteurs permettant aux clients de ne rien perdre de l’agitation extérieure sans en éprouver aucune gêne.
Les garçons de salle sont vêtus de l’ensemble noir trois pièces, gilet sur chemise blanche, qui devrait être classé au patrimoine de l’Unesco, puisque l’art culinaire va bientôt y faire son apparition, si j’en crois la rumeur. A la façon dont ils vous jettent un « madame, bonjour, que puis-je pour vous ? », on apprécie le métier, celui qui fait défaut en maints endroits, enfin pour les réactionnaires comme moi tout au moins. Ils s’expriment d’un air affairé, avec la supériorité légèrement insolente de celui qui connait son affaire et qui néanmoins consent à se mettre à votre service, vivantes incarnations des théories sartriennes sur l’Etre et le Néant.
Quelques fresques peintes sur le thème de la belle époque, des jeux de miroirs apportés par de grandes glaces sur les murs, la couleur noire des portes contrastant avec l’or des immenses poignées en laiton astiqué, obéissent en tout point au genre art déco. On oubliera donc les tables en formica à l’imitation de l’acajou.
Le café de la maison Richard est plus que correct, servi en tasses et soucoupes de porcelaine blanche. Nous avons même eu droit à un mini financier offert par notre diligent serveur qui ignorait tout des visées secondaires de ma visite. Autre avantage de l’endroit : le lieu est exposé Sud-Est ; tant et si bien que, lorsque le soleil brille, ses rayons frappent la peinture jaune des murs, et inondent les recoins et la terrasse d’une lumière chaude. Les oisifs – Dieu les préserve ! - pourront ainsi passer la matinée à se réchauffer derrière les vitres du Wepler, au calme. En plein hiver, à Paris, ce genre d’ambiance n’a pas de prix.
Si justement ! Le café servi en salle est à 2,50 € avec son verre d’eau. C’est encore correct.
Attention : pas de bar et, surtout, surtout, fuir dès midi sonné, car la brasserie devient restaurant et la cuisine de cet établissement repris par les Frères Blanc n’a aucun intérêt.
Résumons nous. Ambiance, emplacement : 4/5 - Café : 3/5 - Service : 4/5 - Toilettes : 2,5/5
Total : 13,5 / 20
Quelle ne fut ma surprise en redécouvrant les banquettes en moleskine rouge, par endroits rapiécées d’une espèce de sparadrap carmin. La hauteur de plafond, les grands lustres des années 70, offrent un espace spacieux et clair. La salle, de vastes dimensions, a de nombreux recoins, très agréables pour qui veut s’isoler du bruit ambiant. La partie « terrasse » est bien séparée de la salle, et à l’intérieur règne une étonnante quiétude. Elle jouit de grandes baies vitrées, garnies à mi-hauteur de voilages protecteurs permettant aux clients de ne rien perdre de l’agitation extérieure sans en éprouver aucune gêne.
Les garçons de salle sont vêtus de l’ensemble noir trois pièces, gilet sur chemise blanche, qui devrait être classé au patrimoine de l’Unesco, puisque l’art culinaire va bientôt y faire son apparition, si j’en crois la rumeur. A la façon dont ils vous jettent un « madame, bonjour, que puis-je pour vous ? », on apprécie le métier, celui qui fait défaut en maints endroits, enfin pour les réactionnaires comme moi tout au moins. Ils s’expriment d’un air affairé, avec la supériorité légèrement insolente de celui qui connait son affaire et qui néanmoins consent à se mettre à votre service, vivantes incarnations des théories sartriennes sur l’Etre et le Néant.
Quelques fresques peintes sur le thème de la belle époque, des jeux de miroirs apportés par de grandes glaces sur les murs, la couleur noire des portes contrastant avec l’or des immenses poignées en laiton astiqué, obéissent en tout point au genre art déco. On oubliera donc les tables en formica à l’imitation de l’acajou.
Le café de la maison Richard est plus que correct, servi en tasses et soucoupes de porcelaine blanche. Nous avons même eu droit à un mini financier offert par notre diligent serveur qui ignorait tout des visées secondaires de ma visite. Autre avantage de l’endroit : le lieu est exposé Sud-Est ; tant et si bien que, lorsque le soleil brille, ses rayons frappent la peinture jaune des murs, et inondent les recoins et la terrasse d’une lumière chaude. Les oisifs – Dieu les préserve ! - pourront ainsi passer la matinée à se réchauffer derrière les vitres du Wepler, au calme. En plein hiver, à Paris, ce genre d’ambiance n’a pas de prix.
Si justement ! Le café servi en salle est à 2,50 € avec son verre d’eau. C’est encore correct.
Attention : pas de bar et, surtout, surtout, fuir dès midi sonné, car la brasserie devient restaurant et la cuisine de cet établissement repris par les Frères Blanc n’a aucun intérêt.
Résumons nous. Ambiance, emplacement : 4/5 - Café : 3/5 - Service : 4/5 - Toilettes : 2,5/5
Total : 13,5 / 20