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Petit Paris, le retour


Sentant le vent de la défaite se lever sur la droite aux régionales, Delanoë tente de pousser son avantage et d'enterrer le Grand Paris en s'attribuant des réalisations factices pour promouvoir son syndicat de la parlote, alias "Paris Métropole". Heureusement, le Delanopolis est là pour rappeler que tout ceci n'est que propagande.



Photo : Paris est sa banlieue, http://parisbanlieue.blog.lemonde.fr
Photo : Paris est sa banlieue, http://parisbanlieue.blog.lemonde.fr
Dans la revue l'"Architecture Aujourd'hui" Sarkozy promet cette semaine de reprendre la main en relançant le Grand Paris. Pourtant, les nuages s'amoncellent sur ce dernier. La Bérézina électorale promise à la droite francilienne va la fragiliser davantage encore et Christian Blanc est rien moins qu'assuré de conserver son job. Dans ces conditions, face à des petits potentats locaux qui lui seront tous hostiles ou presque, dans un climat dominé par la préparation d'élections présidentielles difficiles, le projet de Grand Paris est en danger de mort.

L'argumentaire de ses ennemis est toujours le même et il a été repris cette semaine dans un communiqué de presse particulièrement cynique par Delanoë.

D'abord, c'est son crime majeur, le Grand Paris ne respecterait pas les élus locaux qui se drapent dans leur dignité démocratique. Mais cette soi-disant légitimité ne vaut que dans le cadre où elle est acquise. Pour des problèmes dont la solution excède les limites territoriales de leurs circonscriptions, ces élus n'ont ni pertinence dans leur action ni légitimité dans leur intervention. Bien des choix en matière d'urbanisme ou de transport nécessitent qu'on "privilégie" telle commune ou tel département parce qu'une autre solution est moins conforme à l'intérêt général. On ne peut satisfaire tout le monde lorsqu'il faut choisir le tracé d'une infrastructure ferroviaire, l'emplacement d'un pôle de développement ou la couverture d'une autoroute. Le débat actuel sur l'investissement prioritaire sur les lignes 14 et/ou 13 du métro suffit à le démontrer. Il faut une capacité d'arbitrage qui chagrine cet empilement de marquisats et de baronnies qu'on nomme décentralisation, un système à bout de souffle. Le syndicat "Paris Métropole" de Delanoë, qui ne peut prendre de décision qu'à l'unanimité et dans un soi-disant consensus, est l'exemple même d'un anti-modèle qui se pare des oripeaux de la démocratie pour justifier l'immobilisme. Quand trop d'intérêts contraires sont en jeu, la recherche du consensus conduit à l'échec.

Le second argument des adversaires du Grand Paris est que les solutions projetées, notamment le "double 8" de Christian blanc ne correspondraient pas aux attentes et aux besoins de la population. Concernant ses attentes, on ne sait à quel panel imaginaire de citoyens Delanoë & Co se réfèrent. Il serait de toute façon démagogique de lui demander de choisir entre une solution de long terme, forcément abstraite, et des pseudo solutions de court terme.

Quand on examine par exemple le projet Arc Express de Huchon, avec les incertitudes persistantes sur son trajet, sa collection de hobereaux à mettre d'accord et son coût à 10 milliards d'euros - tout de même! - on ne peut que sourire en entendant les détracteurs du plan Blanc. Ce dernier, en décidant de passer au large et en sous-sol, a fait le choix d'éviter de composer avec les roitelets-politiciens. Comme on connaît ses saints, on les honore : la stratégie de Blanc avait le mérite du réalisme. Bien sûr, la vaste zone entre Périph' et double 8 n'est pas au centre de sa réflexion. Mais rien n'empêche les élus des collectivités concernées de faire en sorte que leurs territoires se connectent aux nouveaux pôles de développement prévus. Là serait leur rôle, s'ils l'entendaient intelligemment et avec le sens de l'intérêt général. Mais leur horizon est médiocre.

Quoi qu'il en soit, après les régionales, il est probable que le débat n'aura pas lieu et que le plan Blanc sera peu à peu enterré. Les partisans du surplace vont gagner en se payant le luxe de passer pour des démocrates à l'écoute de leurs concitoyens.

En matière d'arrogance, nous avons d'ailleurs gardé le meilleur pour la fin. Dans son communiqué de presse sur le Grand Paris, Delanoë, visiblement vexé de voir la ville qualifiée de "petit Paris" ou de "nouvelle Venise", se targue de résultats magnifiques : " (Paris) ... a gagné 70 000 habitants en 10 ans, (son) PIB représente à lui seul 10 % de la richesse nationale et (il) a engagé un formidable chantier de renouvellement urbain et de réalisations architecturales".

Mais la croissance de la population depuis 10 ans est essentiellement le fait du regain de la natalité (plus de 31.000 naissances par an contre 15.000 décès) et le dynamisme économique de la ville n'est pas supérieur à celui du reste du pays depuis que Delanoë en est le maire. Quant à la grotesque référence au "formidable chantier de renouvellement urbain et de réalisations architecturales", les lecteurs du Delanopolis savent, au travers du dossier des Halles, des Batignolles ou du Nord-Est par exemple, à quel point tout cela est publicité mensongère.

Bref, le Grand Paris s'enlise, les médiocres prometteurs du Paris-Parlote se gobergent et un des rares chantiers susceptible de redonner du dynamisme à notre pays est en passe d'être refermé avant même son ouverture. La France avance !

Lundi 1 Mars 2010
Serge Federbusch





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