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CONGRES PRIDE

La marche des férocités !

Profitons d’une rentrée mollassonne et amusons-nous, cette semaine, à faire le point sur la foire d’empoigne socialiste et ses conséquences sur la vie parisienne. L’exercice est difficile car les protagonistes bougent constamment. Toute tentative de les figer sur une photo de famille donne donc un résultat flou ou tremblé.



CONGRES PRIDE
1 - Distinguons malgré tout entre les équipées sauvages, les embusqués et les cavaliers seuls.

Les équipées sauvages

Première d’entre elles, celle des aubrystes.

« Martine-qu’on-attendait-plus » a bien avancé dans son projet d’union des carpes et des lapins. Elle peine un peu à faire accepter son acoquinement fabiusien mais, comme l’ancien jeune premier ministre que Mitterrand donna à la France fait profil très bas, elle est en passe de réussir à l’agréger à ses ex-ennemis, à savoir une fraction des DSKistes et des jospiniens. Le tout en s’appuyant sur le bon gros tas de cartes d’adhérents que le Pas-de-Calais et le Nord savent si bien produire. Objectivement, cela fait pas mal de monde. Problème : « Martine-qu’on-attendait-plus » ne songe qu’à l’Elysée. DSK ne peut donc donner son plein accord à cet agglomérat que si on lui garantit, en échange, l’organisation de primaires en 2011-2012, seule chance pour lui de revenir dans le jeu. De plus, Fabius ne dort évidemment que d’un œil.

Seconde équipée sauvage, celle des ségolistes.

Première partie en campagne, on sent la « Madone-des-quarante-sept-pour-cent » prête à tenter une candidature libre en 2012, si le parti ne l’investit pas. Cette menace est comme celle de l’arme atomique : il faut que le projectile existe et qu’il y ait eu des essais pour être crédible. Attendons-nous donc à voir croître et se multiplier les initiatives de Désirs d’avenir en dehors du P.S. dans les semaines et les mois qui viennent. Avec un énervement réciproque grandissant.

Troisième équipée sauvage, celle des delanoistes.

C’est le grand flop de ce début de campagne. Malgré un battage médiatique énorme (Drucker, 20 heures de TF1, unes et pages en rafale dans les journaux, etc.) et un soutien sans faille de Libé et du Nouvel Obs, « Bertrand-le-premier-des-plus-modestes » a trébuché en bas de l’escalier. En cause : la vacuité complète de sa pensée qui l’a conduit, en désespoir de message, à lancer le thème savonneux du social-libéralisme. Et l’acrimonie du personnage qu’aucun cadre du PS n’a vraiment envie de voir en position de lui donner des instructions.

Les embusqués

Premiers d’entre eux, les « barons-et-fiers-de-l’être ».

Il fut un temps où les caciques locaux faisaient l’effort de s’abriter derrière des regroupements nationaux vaguement teintés d’idéologie. Aujourd’hui, foin de ces préliminaires, les Collomb, Guérini, Ayrault, etc, seuls, à deux, trois, quatre ou plus, attendent qu’un vainqueur sorte du lot. Mieux encore, ils souhaitent que personne ne triomphe ce qui leur permettrait d’imposer leur loi de décentralisation. Gros problème : ils seraient à même de faire la différence entre les autres mais, comme ils attendent que cette différence se fasse d’elle-même avant d’agir, le serpent se mord la queue.

Seconds des embusqués : les gauchos.

Le prêchi-prêcha altermondialiste ou l’invocation de la lutte des classes fait toujours frissonner un petit paquet de militants dans les sections. Ils pèsent autour de 10 à 15 % du parti ce qui, vu l’émiettement des autres clans, risque de les placer en pôle position et d’en faire les faiseurs de roi.


Les cavaliers seuls

Le « Hollande volant ».

C’est le plus malin de la bande mais, du coup, comme dans les classes de collège, les autres garnements se méfient terriblement de lui. Il lui faut trouver une potiche pour occuper la place de premier secrétaire et conserver une influence prépondérante sur l’appareil. Pour lui, pas question de primaires, la machine doit faire le boulot et il doit diriger la machine. Bref, une sorte de Poutine en rondeurs en quête de son Medvedev. Dans le contexte semi-anarchique du PS, cette solution est hautement illusoire. Il cherche donc à composer provisoirement avec les delanoistes et les ségolistes pour contrecarrer « Martine-qu’on-attendait-plus » et DSK. Mais les deux premiers se haïssent et tous veulent le même job en 2012. Bref, les tours de passe-passe du congrès du Mans sont éventés.

Mosco

Il est seul, il le sait, tous le savent, mais il continue quand même. Pourquoi ? D’abord, il sert de sas de décontamination à quelques embusqués qui attendent encore pour rejoindre une des équipées sauvages, généralement celle de « Martine-qu’on-attendait-plus ». Le voilà donc seul, certes, mais en compagnie d’alliés qui changent de jour en jour. Son rêve ? Qu’aucune équipée sauvage ne triomphe et qu’il serve alors de moins grand commun diviseur. Son problème ? Il ne pense lui-aussi qu’à l’Elysée et ses promesses de ne pas s’y intéresser ne convainquent que les plus naïfs.

Le Montebourgeois gentilhomme, Valls à six temps, Dray dans ses bottes, etc.

Ils n’y croient plus trop mais, on ne sait jamais, le destin est parfois farceur. Alors, pourquoi ne pas rester sur les starting-blocks ?


2 - Comment tout cela va-t-il évoluer ?

Jaurès, Mollet et Mitterrand ressuscités en avaleraient leurs chapeaux et s’avoueraient vaincus. Rien n’est bien sûr prévisible. Cela étant, on voit deux solutions se profiler qui sont, en réalité, deux façons différentes de botter en touche.

La première : « Martine-qu’on-attendait-plus » est portée à la tête d’un directoire. Elle parvient à convaincre qu’elle organisera à peu près équitablement des primaires en 2011-2012. DSK, Fafa et une majorité d’embusqués la rejoindront alors. Assez finement, elle ne s’est pas encore officiellement déclarée candidate pour montrer son aptitude à respecter ce type d’accord. Elle se paie même le luxe d’ironiser en tendant une perche glissante à Delanoë.

La seconde : Hollande parvient à convaincre tous ceux qui ne veulent pas de « Martine-qu’on-attendait-plus » de désigner une femme ou un homme de paille et de renvoyer tout choix à 2011-2012, sans évoquer une quelconque primaire. Dans ce cas, il le choisira parmi les embusqués plutôt que les cavaliers seuls, ces derniers étant susceptibles de rêver instantanément d’Elysée sitôt élus premier secrétaire. Cette solution souffre évidemment de la difficulté à faire tomber d’accord ségolistes, delanoistes et les indispensables embusqués ralliés.

Le point d’équilibre de ce petit jeu, s’il existe, serait in fine un premier secrétaire poids plume entouré d’un conseil de surveillance avec un vague engagement collectif d’organiser des primaires dont nul ne saura exactement ce qu’elles seront. Aussitôt obtenu, un tel accord sera bien sûr saboté par tous. A moins que le futur poids plume se révèle un Bonaparte doublé d’un Talleyrand.

Vous en connaissez au PS ?

3 - Un dernier mot sur l’impact de ce petit jeu sur Paris.

Les chances de Delanoë de l’emporter tout de suite en étant désigné premier secrétaire sont minimes. Malgré les rodomontades d’Harlem Désir, son poids électoral dans le parti ne dépasse guère les deux ou trois mille signataires de sa contribution. Il a beau tenter un jeu de dupes avec Hollande, on voit mal celui-ci servir bien longtemps de marchepied à l’opération Delanoë 2012. Du reste, l’addition des deux est encore loin de faire le compte. Leur alliance ne peut être que tout à fait circonstantielle et fragile.

A contrario, si un directoire Aubryste se met en place, Delanoë court un risque extrême de marginalisation, son autorité faiblira, sa majorité municipale se divisera et ce sera un barnum supplémentaire à l’Hôtel-de-ville.

Il risque donc d’être contraint et forcé de se rallier à une solution "hollandaise", en espérant que sa machinerie parisienne lui permette de reprendre un jour l’avantage. Car, si une direction fantoche se met en place, il continuera à croire en ses chances, à agiter son grelot médiatique et il épuisera la ville en opérations de communication en tous genres.

Dans un cas comme dans l’autre, Paris n’a rien à gagner à ce qui va suivre. Un maire à temps plein, disait-il, pendant la dernière campagne municipale …



Dimanche 7 Septembre 2008
Serge Federbusch





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