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Un péplum romantico-politique bien tourné qui cerne d'assez près la mécanique du fanatisme.



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Le réalisateur espagnol Alejandro Amenabar a décidé de s'attaquer à un sujet ésotérique et négligé depuis longtemps par le cinéma et la littérature : la décadence de l'Empire romain dans ses provinces d'Egypte, en particulier à Alexandrie au IVème siècle. Il a bien fait car le thème est passionnant et nous renvoie à notre époque. Alexandrie est alors un creuset où toutes les religions, les écoles philosophico-scientifiques et les peuples se croisent, discutent et commercent. L'empire est en déclin tout comme les vielles religions ptoléméennes, compromis entre les dieux grecs et égyptiens qui, à défaut de profondeur doctrinale, avait le mérite de la tolérance et laissait libre cours aux penseurs et artistes.

Mais les inégalités sociales sont criantes, le système esclavagiste à bout de souffle et le peuple mécontent. La secte chrétienne ne cesse de gagner du terrain, se ralliant la plèbe par ses actions caritatives et l'audace de ses prosélytes. Elle montre un rigorisme intolérant propre à rassurer les égarés en tout genre. Ceux qui feront le rapprochement avec le fondamentalisme musulman d'aujourd'hui auront gagné la timbale présentée ostensiblement par les auteurs du film ... Le message christique est en tout cas bien éloigné de la mentalité de ces fanatiques qui lapident des femmes qui n'ont même pas eu la chance d'être adultères, massacrent des innocents parce qu'ils sont juifs ou païens, pillent et assassinent et vont jusqu'à prendre à César ce qui lui appartient. Des brutes infâmes qui finiront canonisées.

Toutes ces fureurs n'empêchent pas Hypathie (en ville la charmante Rachel Weisz), une femme de tête, de découvrir 12 siècles avant Kepler la course elliptique des planètes dans le système solaire. Et de vivre une aventure à l'eau de rose et terriblement chaste avec le Préfet du coin, par ailleurs ancien élève de son Académie. Elle finira mal.

Le film évite le manichéisme et montre bien la dimension sans culotte de l'église conquérante des premiers siècles. L'égalité sociale passe par la destruction d'une élite et de sa culture, faisant perdre quelques siècles à l'humanité mais, sur le long terme, lui permettant de sortir des ornières du système gréco-romain.

Bref, la reconstitution historique est plaisante et le propos maîtrisé même si la création cinématographique n'est pas bouleversante.

Un dernier mot pour saluer la mémoire du si talentueux et discret Eric Rohmer qui nous fit tant jubiler dans ses délicieux films. Adieu, cher maître ! Vous parti, que reste-il aujourd'hui de l'intelligentsia française ?

Dimanche 17 Janvier 2010
Serge Federbusch





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