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Le jeu du milliard



C’était l’une des promesses de campagne les plus rabâchées par Delanoë lors des dernières municipales : Paris allait investir un milliard d’euros dans l’ « économie de la connaissance et l’innovation » dans les six ans à venir. De quoi s’agit-il exactement ? « D’aider à remettre nos universités aux standards internationaux, de financer 4.000 logements pour étudiants, de créer 55.000 m2 d’incubateurs et de pépinières d’entreprises ainsi qu’une Agence parisienne de l’innovation, etc … », nous rappelle Jean-Pierre Caffet, président du groupe socialiste à l’Hôtel de ville, dans le dernier numéro d’ « A Paris », le gratuit de la mairie. Il est même question d’un troisième pôle universitaire à créer ex nihilo entre le nord de Paris et la Plaine Saint Denis, pour compléter ceux de la rive gauche.

Vaste programme. D’autant plus vaste d’ailleurs que le budget supplémentaire pour 2008 ne prévoit quasiment rien pour atteindre ces nobles objectifs. Il faudra donc attendre au mieux le budget 2009. Quand on sait le temps indispensable à la mise en œuvre ce genre d’ambition, chaque mois perdu est difficilement rattrapable et les chances de concrétiser ces mirifiques investissements d’ici six ans sont d’ores et déjà nulles. Où mettre les logements et les pépinières ? Comment les construire ? Quelles universités sélectionner et pour quoi ? Dans le cadre de quelle coopération et avec quelles collectivités ? Tout cela attendra.

Dans l’intervalle, et c’est beaucoup plus concret, aucune université parisienne n’a été retenue pour recevoir l’aide de l’Etat dans le cadre du « plan Campus », financé par la vente d’une partie du capital d’EDF. La ville a eu beau s’en formaliser, la réponse du ministère des universités était difficilement critiquable. Les dossiers parisiens étaient trop légers et présentés en ordre dispersé. Et Paris ne fournissait aucun effort financier substantiel pour les accompagner.

L’argument de la discrimination politique, un temps murmuré, ne tient pas puisque plusieurs universités situées sur des communes gérées par le PS ont eu droit à l’aide de l’Etat. Les faits sont têtus. Face aux énormes déficits qui se profilent en raison des gaspillages de la précédente mandature, notamment dans les aménagements de voirie (voir ici article le gouffre, Paris peine à trouver l’argent pour s’occuper d’innovation. La mairie botte en touche en critiquant le désengagement de l’Etat et le milliard promis ressemble un peu à celui des émigrés sous la restauration, un sujet de polémique sans contenu réel.

Du reste, l’examen des « efforts » passés de la ville démontre qu’ici aussi la communication a dissimulé les carences de l’action. Certains se souviennent peut-être des annonces mirifiques sur les pôles de compétitivité et d’innovation vantés par la mairie depuis 2001. Les principaux étaient Medicen, dans le domaine des techniques d’imagerie médicale notamment et Cap Digital, dans celui des technologies de l’innovation. Quand on cherche à faire le bilan de cette grande ambition, on ne trouve qu’un maigre saupoudrage de crédit. La participation de la ville dépasse très rarement 10 % des sommes engagées pour moins de vingt projets au total et l’aide moyenne se situe autour de 500.000 euros. Dans ces conditions, comment croire une seconde aux proclamations du maire qui, dans sa communication au conseil de Paris, parle de dégager un milliard d’euros pour en attirer un deuxième, venant d’autres investisseurs ?


Entre poursuivre une politique de préemption clientéliste et ruineuse sous couvert de logements sociaux, massacrer les grands boulevards et la place de la République (tiens, au fait, Delanoë n’en parle plus …), bâtir un gros bubon à 400 millions d’euros à côté de Saint Eustache, prolonger un inutile tramway ou aider l’innovation, la mairie aurait-elle déjà choisi ?

Espérons en tout cas que les universités parisiennes surmontent le handicap d’une municipalité qui ne les paye que de mots et que, dans la deuxième vague d’attribution des aides du plan Campus, dans quelques jours, l’Etat retienne certaines d’entre elles.

Dimanche 1 Juin 2008
Serge Federbusch





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