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Midnight in Paris


Woody Allen s'est fait plaisir en créant un univers de fantaisie où il côtoierait Hemingway, Dali, Picasso, Fitzgerald et toutes les gloires des années folles. Son bonheur est souvent communicatif mais cette pochade nostalgique pose une question : si les acteurs et le réalisateur étaient des inconnus et les moyens donnés au tournage moins importants, tout cela ne serait-il pas simplement ridicule ?



Midnight in Paris
Allen a, paraît-il, longtemps regretté de n'avoir pas décidé de s'installer à Paris, dans sa jeunesse, pour y mener la vie de bohème d'un romancier. Il a bien fait : dans cet étouffoir à talents qu'est devenue la France, il aurait vite suffoqué. Car son film devrait laisser un léger goût d'amertume à tous les patriotes : en 1890, les grands artistes qui vivaient à Paris étaient français, en 1925, ils étaient presque tous immigrés, aujourd'hui où sont-ils ? Ses reconstitutions oniriques du Montparnasse des années folles sont flatteuses pour les Parisiens, un brin caricaturales et promptes à nous faire rêver de cet âge d'or. Mais Allen nous met en garde : l'herbe du passé parait paradoxalement plus verte et les artistes des années 20 auraient rêvé de côtoyer Lautrec ou Gauguin.

Quoi qu'il en soit, le bon Woody, lorsqu'il situe son action dans le Paris d'aujourd'hui, ne songe même pas à s'enquérir des artistes majeurs qui pourraient, dans le futur, devenir des mythes. Bref, son film est agréable à voir mais il assigne aux Parisiens du début du vingt et unième siècle un rôle de gardiens de musée. Pas étonnant de retrouver Carla Bruni en conférencière !

En réalité, le film d'Allen, s'il n'était soutenu par la réputation de son auteur et l'a-priori favorable dont il jouit, par la notoriété de ses acteurs, jusqu'au moindre second rôle et par les moyens donnés à ses décors et reconstitutions, aurait un petit côté ridicule.

Mais nul n'est prophète en son pays et c'est bien grâce à cela que "Midnight in Paris" est charmant : son caractère décalé et ignorant des réalités françaises d'aujourd'hui nous fait oublier nos médiocrités pendant une heure trente. Et c'est bien l'ambition suprême du cinéma, de l'aveu même de ce Marivaux de Manhattan.

Lundi 16 Mai 2011
Serge Federbusch





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