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Orphée des tonnes



José Montalvo et Dominique Hervieu, qui co-dirigent Chaillot, n'ont pas lésiné sur les moyens pour obtenir les applaudissements du public. La sombre et délicate poésie du mythe d'Orphée devient prétexte à une débauche d'effets spéciaux sur grand écran, un mélange de numéros de cirque et de chants baroques, de rugissements et de hip-hop, rien que des valeurs à la mode ... Hélas, Orphée, le vrai, le mythologique, n'a que faire des modes.



Orphée des tonnes
A certains moments, le nombre de "niveaux de lecture" du spectacle qui bombarde l'assistance est d'au moins sept. Il y a d'abord un fond d'écran, généralement des vues de l'île de la Cité, sur lequel sont collés des livres stylisés, sur lesquels défilent des personnages, qui eux-mêmes sont parfois les images projetées de danseurs qui "performent" en live, face à d'autres artistes jouant d'instruments ou faisant la cabriole. On s'y perd et le cerveau comme l'oeil sont saturés de ces assauts. C'est la bataille de Crécy du ballet contemporain, avec le résultat que l'on a connu au moment de la guerre de cent ans : une mêlée où cette puissante cavalerie s'anéantit elle-même.

Cette débauche de moyens cache une question qui fait mal : que vient faire Orphée dans cette galère plutôt que dans le bel et bon enfer où l'on a coutume de l'y trouver ? Ce chantre n'est qu'un prétexte. La poésie du mythe exige de la simplicité, même si elle fait place à l'allégorie, Marcel Camus y était fort bien parvenu dans son merveilleux film de 1959. Ici, Hervieu et Montalvo confondent allégorique et amphigourique.

Mais, puisque toutes les couleurs de peaux, les handicaps et les cultures sont célébrés, que le griot africain, l'acrobate et la cantatrice se tiennent par la main, tout le monde est content et la critique le sera.

Pour voir ça, Orphée aurait pu rester en enfer.

Lundi 24 Mai 2010
Serge Federbusch





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