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Paris victime de la vengeance d’Hidalgo : «Puisque ma politique s’enlise, j’enlise le trafic»




Une tribune de Serge Federbusch dans le Figaro !



Journée porte ouverte pour qui vous savez
Journée porte ouverte pour qui vous savez
Il est de millénaire observation que plus un dogme échoue, plus il se raidit. Si le réel se rebiffe, le dogmatique accuse ses adversaires et persiste, toujours plus loin, toujours plus fort, comme si l’absurdité était devenue discipline olympique.

Tel est le cas de la politique de circulation de la ville de Paris, qui plonge peu à peu la cité dans l’embolie et la menace d’apoplexie.

Les premiers à se plaindre furent les commerçants, entravés dans leurs livraisons. Puisque souvent ils n’habitent pas Paris et n’y votent pas, ils furent considérés comme quantité négligeable. Vinrent ensuite tous ceux pour qui la ville est un cadre de travail, le lieu de leurs activités productives et non pas le fantasme hédoniste d’une vie rêvée de bobo.

Quelle est l’origine du mal ? Il nous faudra être un peu technique. C’est un antidote nécessaire face à une politique de pure communication qui verse souvent dans la propagande et la manipulation des chiffres.

Paris et sa région sont structurés depuis des siècles selon une logique radio-concentrique qui fait converger leurs forces vives de la périphérie vers le centre. C’est d’ailleurs pour cela que Paris a échappé au destin de nombreuses métropoles dont le coeur historique s’est nécrosé, soit qu’il ait concentré des populations marginales, soit qu’il se soit transformé en musée sans habitants.

Négligeant cette logique et cet héritage, la mairie entama en 2001 un rétrécissement des chaussées (boulevards Magenta, Saint Marcel, Montparnasse, rue de Rivoli, etc.) au nom d’une soi-disant priorité aux bus et aux vélos. Il en fut bientôt de même des boulevards dits des Maréchaux, sacrifiés au prétendu renouveau du tramway. Puis cette politique fut mise en oeuvre dans un nombre croissant de voies. Les grandes places distributives de la circulation, comme celle de la République, ont été retraitées en dalles pour rollers et rassemblements politico-festifs.

Les quais de Seine, essentiels à la traversée Ouest-Est, ont enfin été interdits en grande partie à la circulation, le dernier tronçon menacé étant celui qui va de Boulogne au pont de Bir-Hakeim.

Le résultat, en termes de congestion, est catastrophique. Depuis des années, tous les usagers des transports individuels ou collectifs constatent qu’ils passent un temps croissant dans les embouteillages. Malgré toutes les astuces de présentation et les chiffres que la mairie fait fabriquer par ses propres services, les audits indépendants comme ceux de la Région Île-de-France, l’index de congestion calculé tous les ans par la société de GPS Tom-Tom ou l’indice Inrix, élaboré par une organisation internationale pour le monde entier, démontrent une dégradation sensible de la circulation à Paris. Sur une seule année, entre 2015 et 2016, l’Inrix a calculé que Paris est passé de la 15ème à la 10ème place parmi les près de deux mille métropoles étudiées en terme de temps gaspillé dans la congestion du trafic (source : http://inrix.com/scorecard/). Et c’était avant la fermeture de la voie Pompidou !



Selon Tom-Tom, 155 heures cumulées sont perdues par automobiliste et par an contre 117 à Marseille, deuxième victime selon ce critère, car la circulation parisienne est difficile à toute heure de la journée et pas seulement aux seules périodes de pointe du matin et du soir, comme c’est le cas dans la cité phocéenne à qui Paris dispute le titre peu envié de ville la plus embouteillée de France.

Le seul résultat dont la maire se vante est celui de la baisse de la circulation automobile, véritable trompe l’oeil car le trafic a basculé vers les deux-roues motorisés et aussi et surtout parce que cette réduction, calculée sur le nombre de véhicules passant sur un kilomètre de voirie en une heure, intègre précisément la congestion ! C’est tirer partie de sa propre turpitude, comme disent les juristes.

N’allez pas non plus tenter de trouver une raison d’être satisfaits sur le terrain de la pollution. Les seuls progrès réels sont dus aux nouvelles motorisations et aux nouveaux carburants. Plus d’encombrement produit plus de rejets toxiques, qui l’eût cru ?

Si l’on examine les principaux dossiers un à un, comme celui du tramway des Maréchaux ou celui des voies sur berges, l’échec de la mairie est patent. Le tramway n’est pas plus rapide que l’ex bus PC ni ne transporte beaucoup plus de voyageurs. Il est plus confortable, voilà tout. Mais cela pour un coût total qui dépasse déjà allègrement les trois milliards d’euros. Quant à la voie Pompidou, aucune des craintes qui avaient conduit la Commission d’enquête publique à émettre un avis défavorable au projet, cas quasi unique dans l’histoire du droit de l’urbanisme, n’a été levée. L’embouteillage se répand comme une infection dans les nervures du système sanguin.

Mais alors, quels sont les vrais motifs d’Hidalgo, en cela digne successeur de Delanoë?

Il y a d’abord la com’, la com’, la com’ véritable veau d’or du politicien qui se prosterne face à ses scintillements. La lutte contre l’affreuse bagnole est un identifiant, une bannière commune derrière laquelle on peut rassembler socialistes, communistes et écologistes, qui ont si peu en commun par ailleurs, si ce n’est la ferme intention de se partager le plus longtemps possible le magot parisien.

Et puis les instituts d’études d’opinion et les résultats électoraux ont montré à ces braves gens que leur clientèle les suit sur cette voie. L’idéal-type du Parisien selon Hidalgo vit dans une HLM, n’a pas de voitures et vote pour elle. Un vrai parangon de bien-pensance contemporaine qui ne s’intéresse qu’aux discours et aux intentions, jamais aux résultats et aux réalités, surtout quand elles frappent d’autres que lui. Très peu de crédits seront donc alloués au métro : il ne se voit pas, se prête difficilement à la communication et est principalement utilisé par les banlieusards. Pourtant, dans cette fameuse ville radio-concentrique, c’est de loin le mode de transport en commun le plus massif et pertinent.

Enfin, malgré ces échecs persistants, nonobstant cette montagne d’argent et d’énergie gaspillés depuis seize ans, on voit désormais Hidalgo engagée dans une véritable fuite en avant. Qu’importe si les résultats font défauts. Il faut aller toujours plus loin, s’obstiner dans l’erreur. Qu’importe aussi si les principales innovations techniques et organisationnelles de ces vingt dernières années : Uber, l’auto-partage, la propulsion électrique et bientôt la pile à combustible, bénéficient au premier chef au transport individuel. Comme souvent, le modèle théorique d’une société administrée par des bureaucrates a été pris à contrepied par des innovations qu’ils n’ont pas anticipées.

La lutte contre la voiture menée par Hidalgo et Delanoë est donc l’histoire d’un fiasco que seul le contrôle des médias et l’égoïsme de ses quelques bénéficiaires a pu prolonger. Les autres auront encore beaucoup de temps pour le méditer, engoncés dans les embouteillages que connait du reste Hidalgo de temps à autre. Il est vrai qu’elle dispose d’un chauffeur et d’un véhicule de fonction pour accepter plus facilement son sort.

Dimanche 9 Juillet 2017
Serge Federbusch






1.Posté par Incognitototo le 13/07/2017 21:03
Un bien complet résumé et de terribles constats que nous sommes nombreux à partager.

Il y a juste une explication qui n'est pas convaincante pour ce qui concerne la persistance dans l'erreur... Oui, pourquoi toujours plus de la même chose, alors que tout démontre que ça ne fonctionne pas, et pire que c'est contre-productif ?

En fait, je ne pense pas qu'ils font cela par calcul politique...

Plus vraisemblablement, il faut tenir compte des problèmes névrotiques (et/ou psychotiques) personnels de nos politiques (quelle que soit leur appartenance partisane d'ailleurs). Ça n'est pas dans leur "culture" d'admettre qu'ils se sont trompés ou encore plus honnêtement qu'ils ont été ou sont tout simplement trop cons.
On peut donc compter sur leur ego démesuré pour continuer à persister dans l'erreur envers et contre toutes les réalités qui leur démontrent qu'ils se trompent. C'est parfois déjà difficile d'admettre qu'on s'est trompé dans les situations normales de la vie, mais quand des enjeux de pouvoir et d'ego narcissique mal placé sont en cause, alors là ça devient quasiment impossible.

En attendant, cela a juste une conséquence non négligeable : la dette des Parisiens par habitant a été multipliée par 4 ; elle est passée de 501 € en 2001, à 2 059 € en 2015 (elle devrait être de 627 €, si elle avait suivi l’inflation). Le prix de la bêtise criminelle ?

2.Posté par Phil75 le 14/07/2017 14:31 (depuis mobile)
Tapez sur Google "Pire maire de Paris" : résultat clair et net !

3.Posté par pire pour moi le 15/07/2017 03:40
Pour moi c'est different : J'habitais une rue tres animée avec petits commercants (rue greneta) au fur et a mesure un des trottoir a été agrandi afin de retrecir la voie en sens unique .Des rues ont été fermées pour installer un sois disant espace .Pour empecher les gens de se garer sur le trottoir pour des livraisons des pots de fleurs on ete installés ( qui ne sentaient que la pisse) .Le sois disant espace ou des enfants ont essayés de jouer au ballon se sont fait chassés pas La Police ...alors que la cour de l'école adjacente est fermée d'une grande porte ....Le sois disant espace avait un grand mur blanc ..ou les enfants faisaient rebondir leur ballon...on y a vite installé des "oiseaux" en métal pour les en empecher et ils sont toujours chassé par la police ....Les commerçants sont partis plus de mercerie ,plus de cordonnier,plus de laiterie etc...
des dealers de drogue se sont installés etc...nous sommes partis .

4.Posté par Ano le 16/07/2017 02:20
Vous expliquez que les commerçants, parce qu’ils n’habitent pas Paris et n’y votent pas, sont considérés par la mairie de Paris comme quantité négligeable, lui préférant les habitants électeurs. J’ai l’impression exactement inverse : premièrement, lorsque des travaux bruyants avec marteaux piqueurs sont nécessaires, ceux-ci commencent à sept heures du matin et sont arrêtés à dix heures, car il ne faut pas gêner les commerçants. Alors que les habitants, apparemment, ce n’est pas grave. Pour certains chantiers, comme celui des Halles, certains travaux avaient même lieu de nuit ! Deuxièmement, la Mairie de Paris veut absolument développer l’économie nocturne, et accorde énormément d’avantages aux bars, restaurants, etc. (terrasses illégales, rues de plus en plus bruyantes, etc.) au grand dam des habitants qui n’en peuvent mais des nuisances (sonores, vomies, urinées, etc.).
Bref, je ne pense pas que votre explication soit la bonne. Et puis, personnellement, je dois dire que je suis favorable à la réduction de la place de la voiture à Paris. Trop, c’est trop, on crève des voitures !

5.Posté par Corail 77 le 17/07/2017 11:51
Les parisiens ne voulant plus d'autos chez eux me font penser à ceux qui, à la campagne, rejettent le chant du coq ou le carillon du clocher ou regrettent le passage d'un métro toutes les 3'.
A chaque lieu ses avantages et inconvénients, je ne vais pas me plaindre du manque de fréquence de mon RER en Seine-et-Marne !
Au lieu de bêtement vouloir réduire la place de la voiture particulière (sauf les taxis et VTC, qui se croient tout permis sur les voies de bus au grand dam desdits bus et surtout des vélos chez à Mme le maire), la mairie devrait songer à ce qui conduit les gens à son usage, et il est vrai que même en tant qu'agent RATP, je comprends que certains se refusent à s'entasser dans des tramways lents et bondés, des métros anxiogènes (toxicos) ou des bus tout justes bons à transporter retraités et handicapés tant est leur lenteur.
Je ne reviendrait pas sur l'aménagement criminel du boulevard Magenta entre les pistes cyclables sans visibilité aux intersections et envahies par les piétons, et les couloirs de bus aux dangereux séparateurs défoncés.
Mais quand je vois que la mairie continue à supprimer les tunnels des Maréchaux, rendant les portes de Paris impraticable - même en vélo-, je pense que les socialistes et les écolos devraient être interdits de gestion de villes de plus de 10 habitants !

6.Posté par poulbot le 17/07/2017 16:03
@Corail77 : 10 habitant, vous êtes bien généreux. interdit tout court, tant leurs incompétences est flagrante.
En tant que livreur , j'ai préférer prendre une tourner a 50km de paris que d'y tourner. Pourtant je prend mon service sur paris en y allant a pied , j'habite a 30mn dans le centre .Depuis que la gauche a pris le pouvoir sur paris,c'est de plus en plus difficile d'y vivre, d'y travailler, de ce déplacer . Il est a espérer que les parisiens ont compris la leçon et la renvoi en Andalousie .

7.Posté par bouquiniste1 le 22/07/2017 21:37
corail c est pas gagne qu il la renvoie en andalousie ils n en veulent surtout pas la bas de la fouteuse de merde .

elle serait capable de faire interdire le flamenco

8.Posté par bouquiniste1 le 22/07/2017 21:39
et vous remarquerez sur la photo qu elle ne sort pas une autolib mais d une grosse mercedes qui doit poluer plus que ma class a

9.Posté par nina le 27/07/2017 15:36
c'est l'horreur , rue de RIVOLI les panonceaux font état du démarrage fin juillet de la construction d'une piste cyclable entre rue des ARCHIVES et BASTILLE , avec un muret ;
pourtant la circulation est fluide et les rares vélos utilisent la voie de bus qui sera maintenue.
Avec une seule file pour les voitures , ce sera le même cauchemar que dans l'autre sens depuis la fermeture de la voie sur berge.
le trottoir sera amputé au détriment des passants .
Tout le centre de Paris sera inévitablement dévolu aux touristes et la fuite des habitants va se poursuivre

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