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Rembrandt et la figure du Christ



De cet artiste en tous points exceptionnel, dont chaque tableau recèle des trésors d'inventivité, mille fois exposé dans le monde entier, il reste encore des aspects nouveaux à découvrir ou tout au moins à souligner. C'est ce que fait le Louvre en réunissant la plupart des portraits du Christ laissé par le maître hollandais qui n'hésita pas à montrer la sainte figure dans sa simplicité profane.



Rembrandt et la figure du Christ
De grands maîtres avaient déjà montré des saints illustres sous des jours humains, torturés, meurtris, extatiques. Qu'on songe au Sébastien de Mantegna dont la contemplation guérit Gainsbourg de son ambition d'être peintre. D'autres s'étaient essayé à figurer le Christ comme un homme, mais dans des attitudes qui toujours le tenait éloigné du reste des hommes. Dürer fit ainsi avec son Jésus aux souffrances, un être ensanglanté et pourtant curieusement détaché, au regard presque ironique.

Pour oser représenter le Christ comme un homme ordinaire, au visage certes spirituel et empreint d'équilibre mais très simplement humain, il fallait toute l'audace et la puissance figurative de Rembrandt. Il chercha dans la communauté juive, nombreuse à Amsterdam à cette époque, un modèle d'Oriental trentenaire, sûr de lui et sans souci de domination. Il le peignit une vingtaine de fois et c'était toujours le même homme : l'exposition démontre sans aucun doute l'unicité de cet individu.

Dès lors qu'un artiste avait osé se confronter à cette image, lui reconnaître sa plus complète sainteté sans la différencier de ces frères de chairs et d'os, plus rien n'était impossible. Rembrandt avait définitivement libéré la peinture de sa soumission à la religion. Une étape cruciale (si l'on ose dire !) dans l'histoire de l'art même si elle n'est pas apparue comme telle avant un ou deux siècles.

Autant de figures du Christ, autant de raison de passer au Louvre, cette grosse bête repue d'art et d'histoire tapie au plus profond du Paris ancien. Avec une mention spéciale à la crucifixion exposée d'ordinaire dans l'église du Mas d'Agenais, à l'écart des grandes routes touristiques, et qui n'avait plus été exposée à Paris depuis quarante ans.

Samedi 25 Juin 2011
Serge Federbusch





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