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Waterloo à Austerlitz



C'est dans la plus grande discrétion que la ville va adopter, lors du prochain Conseil de Paris, une délibération garantissant à 80 % les futurs emprunts de la SEMAPA, la société d'économie mixte municipale chargée de l'opération Paris Rive Gauche.

D'atermoiements en choix techniques et politiques erronés, la facture ne cesse de grimper et, désormais, le besoin de financement de cette opération est évalué à 436 millions d'euros en 2012. Hélas, ce n'est pas fini : la convention d'aménagement n'expire qu'en 2016 et, à cette date, le bilan de ce ratage colossal se sera encore dégradé. Une bombe à retardement financière est en train d'être amorcée et Paris se prépare un Waterloo à Austerlitz comme vous l'explique plus en détails Jacques Gauthier qui remonte aux origines du problème.



Waterloo à Austerlitz
Le conseil de Paris de juin 2010 va décider d'accorder la garantie de la Ville pour le paiement des intérêts et l'amortissement d'un nouvel emprunt de 215 M € à souscrire par la SEMAPA, aménageuse de la ZAC Paris Dérive Gauche, cette ZAC bancale qui a un pied sur le tapis roulant des trains d'Austerlitz et un pied sur une dalle qui devait être la mère porteuse d'un nouvel urbanisme mais se révèle de plus en plus comme un fardeau financier insupportable.

Rien que pour construire un petit bout de la rue Albert Einstein sur pilotis ( voir notre photo ), c'est plus de 5 M € qu'il aura fallu dépenser...

Et ce n'est pas fini, car selon la délibération 2010 DF 51, la poursuite de l'aménagement de Paris Dérive Gauche pour les deux ans à venir exigerait la somme colossale de 245 M € pour les acquisitions foncières et immobilières et de 440 M € HT ( 526 M € TTC ) pour les travaux et honoraires ! C'est à coups de milliards de francs, puis d'euros, qu'a progressé cahin-caha Paris Dérive Gauche depuis sa création en juillet 1991 sans que l'on sache, 19 ans après, quand elle s'achèvera, ni combien de milliards il faudra encore engouffrer dans cette opération calamiteuse d'aménagement qui apparaît comme le grand ratage urbain parisien du 20ème siècle.

Pourtant le mouvement associatif avait mis en garde édiles et technocrates sur l'inanité de construire une dalle de 32 ha pour cacher un faisceau ferroviaire en décroissance qui avait perdu en 1990 la clientèle du sud-est avec la mise en service de la LGV ( ligne à grande vitesse ) Atlantique au départ de Montparnasse.

Place, format et missions de la gare d'Austerlitz méritaient d'être repensés et adaptés au nouveau quartier qui devait - suivant l'expression consacrée - recoudre l'ancien et le nouveau 13ème. En réalité, ce n'est pas vraiment de la haute couture urbaine qui a été réalisé mais plutôt un patchwork disparate dominé par les quatre chandelles et l'esplanade des courants d'air de la BNF.

Quant à la SNCF qui voulait le beurre et l'argent du beurre - vendre le sursol tout en gardant le plancher des trains - a-t-elle fait une bonne affaire ? En a-t-elle tiré profit ? Le coût pharaonique du sursol n'a-t-il pas épongé la totalité des profits tirés de la vente des charges foncières ? Ces questions mériteraient d'être posées avant de faire valser de nouveaux milliards ...

Oublions ce présent déprimant et rêvons un peu à ce qu'aurait pu être le destin de ce site exceptionnel si, dès l'origine, les choses avaient été mieux engagées : Jacques Chirac, maire de Paris, vient d'offrir au président Mitterrand le terrain de la TGB ( très grande bibliothèque ) et celui-ci, fin connaisseur des chemins de fer - son père ne fut-il pas ingénieur à la cie du Paris-Orléans ? - souhaite que les futurs lecteurs ne soient pas importunés par le vacarme des trains passant au ras du bâtiment. Il propose de déplacer les départs/arrivées grandes lignes d'Austerlitz entre maréchaux et périphérique. Jacques Chirac s'enthousiasme pour cette idée qui va donner à l'Est parisien un pôle d'attractivité à caractère national. Pour desservir la nouvelle gare Masséna il y a déjà le RER C et on prolongera la ligne 10 du métro et puis, pourquoi pas, remettre en service la petite ceinture qui traversera le parvis de la gare et qu'on aménagera en déplaçant le bd Masséna sur le toit de cette future gare ...

Hélas rien de tout cela ne s'est fait et, avec Delanoë - l'homme du néant des dalles - en raison de jeux hypocrites avec les riverains, le projet est devenu de plus en plus coûteux et incohérent.

Le pire ? Le scénario catastrophe de Paris Dérive Gauche risque de se reproduire aux Batignolles, à Bercy, à Chapelle Charbon car la " sursolite " est toujours virulente chez des élus parisiens qu'on pensait vaccinés après l'échec des Olympiades perchées sur leur cénotaphe ferroviaire de la gare des Gobelins.

Quand, à partir de 2016-2018, les factures de toutes ces opérations ainsi que celles des Halles, du tramway et du logement "social" commenceront à arriver, mieux vaudra avoir fui Paris !






Vendredi 4 Juin 2010
Serge Federbusch






1.Posté par Alainpic le 10/06/2010 04:14
Fuir Paris ? c'est exactement ce que j'ai fait ! ne plus pouvoir circuler et stationner avec ma voiture-instrument-de-travail, être sans cesse victime des folies du prince, m'ont fait fuir, je suis loin, loin, loin ! au pays du Tango, beaucoup d'autres Français font comme moi ! Ici on circule, on stationne, on vit, tout simplement, 24 heures sur 24, et on travaille aussi ! Bienvenidos !

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