La Voix de son Maire, agence de com' qui s'est emparée de la ville de Paris en 2001, a montré toute sa puissance de feu, la semaine dernière, en criant victoire à la suite d'une décision du Conseil d'Etat et d'une autre du juge des référés du Tribunal administratif de Paris. Roulant des mécaniques, elle a même fait mine de menacer de poursuites pénales celui qui a porté plainte et permis au scandale d'être révélé : Hervé Picard, tout en jugeant "scandaleuse" la mise en cause de Delanoë.
L'artifice est connu : profiter d'un événement favorable, même s'il n'a pas la portée réelle qu'on claironne, pour, non seulement reprendre la main, mais tenter d'intimider l'adversaire. Il suffit pourtant d'examiner sereinement le dossier pour comprendre que la ville et son maire sont loin d'avoir gagné la partie.
D'abord, sur le projet de destruction de Jean Bouin, il faut en revenir aux fondamentaux, à savoir le jugement du Tribunal administratif du 18 décembre dernier (voir ici ). Le juge a estimé que les explications données par la ville et sa motivation- notamment financière- du projet sont à ce point insuffisantes qu'il a annulé la délibération lançant la procédure d'approbation. Il faudra donc que Delanoë fasse revoter en mars un projet dont les carences sont manifestes et qui tient à une décision scandaleuse : ne pas utiliser le stade Charléty, qui appartient à la ville et est totalement sous-employé, afin de satisfaire aux caprices de Guazzini qui veut à tout prix mettre la main sur Jean Bouin.
Le fait que le club présidé par Jacques Lelièvre n'ait pas obtenu par référé qu'il lui soit reconnu le droit de disposer à nouveau d'une concession jusqu'en 2024 ne signifie pas que Delanoë puisse justifier cette éviction ou ses manoeuvres au bénéfice de Guazzini et lancer la construction du nouveau stade. Reste à juger, en effet, le recours au fond contre le choix de mettre fin à la concession de 2004. Et, surtout, la fragilité intrinsèque du projet au regard de son absence d'intérêt général donnera forcément lieu à de nouveaux contentieux périlleux pour la ville dès lors qu'elle va revoter sur l'opération.
Sur le plan pénal, les ennuis de Delanoë ne sont pas non plus terminés. Comme nous l'avons déjà expliqué, quand bien même il serait sauvé du risque de mise en examen pour délit de favoritisme, reste une accusation très gênante pour lui : celle de prise illégale d'intérêt. Il suffit, dans cette affaire, que les magistrats instructeurs considèrent qu'il a agi non pour défendre les intérêts de la ville mais, avant tout, pour faire plaisir à Guazzini et ce chef d'accusation pourra conduire à ce qu'on qualifiait autrefois d'inculpation. Or, les indices d'un tel comportement sont nombreux, tant dans sa volonté d'inciter le club Jean Bouin à accorder au dit Guazzini une sous-concession pour le stade de rugby que dans le prix extrêmement bas des redevances que la ville a accepté pour parvenir à ce montage. Du reste, une excellente enquête sur le sujet vient de paraître dans l'Equipe magazine et rejoint nos analyses : voir là et ailleurs. Une occasion, espérons-le, pour notre justice pénale de prouver sa capacité à résister au bourrage de crâne médiatique.
A suivre ...
L'artifice est connu : profiter d'un événement favorable, même s'il n'a pas la portée réelle qu'on claironne, pour, non seulement reprendre la main, mais tenter d'intimider l'adversaire. Il suffit pourtant d'examiner sereinement le dossier pour comprendre que la ville et son maire sont loin d'avoir gagné la partie.
D'abord, sur le projet de destruction de Jean Bouin, il faut en revenir aux fondamentaux, à savoir le jugement du Tribunal administratif du 18 décembre dernier (voir ici ). Le juge a estimé que les explications données par la ville et sa motivation- notamment financière- du projet sont à ce point insuffisantes qu'il a annulé la délibération lançant la procédure d'approbation. Il faudra donc que Delanoë fasse revoter en mars un projet dont les carences sont manifestes et qui tient à une décision scandaleuse : ne pas utiliser le stade Charléty, qui appartient à la ville et est totalement sous-employé, afin de satisfaire aux caprices de Guazzini qui veut à tout prix mettre la main sur Jean Bouin.
Le fait que le club présidé par Jacques Lelièvre n'ait pas obtenu par référé qu'il lui soit reconnu le droit de disposer à nouveau d'une concession jusqu'en 2024 ne signifie pas que Delanoë puisse justifier cette éviction ou ses manoeuvres au bénéfice de Guazzini et lancer la construction du nouveau stade. Reste à juger, en effet, le recours au fond contre le choix de mettre fin à la concession de 2004. Et, surtout, la fragilité intrinsèque du projet au regard de son absence d'intérêt général donnera forcément lieu à de nouveaux contentieux périlleux pour la ville dès lors qu'elle va revoter sur l'opération.
Sur le plan pénal, les ennuis de Delanoë ne sont pas non plus terminés. Comme nous l'avons déjà expliqué, quand bien même il serait sauvé du risque de mise en examen pour délit de favoritisme, reste une accusation très gênante pour lui : celle de prise illégale d'intérêt. Il suffit, dans cette affaire, que les magistrats instructeurs considèrent qu'il a agi non pour défendre les intérêts de la ville mais, avant tout, pour faire plaisir à Guazzini et ce chef d'accusation pourra conduire à ce qu'on qualifiait autrefois d'inculpation. Or, les indices d'un tel comportement sont nombreux, tant dans sa volonté d'inciter le club Jean Bouin à accorder au dit Guazzini une sous-concession pour le stade de rugby que dans le prix extrêmement bas des redevances que la ville a accepté pour parvenir à ce montage. Du reste, une excellente enquête sur le sujet vient de paraître dans l'Equipe magazine et rejoint nos analyses : voir là et ailleurs. Une occasion, espérons-le, pour notre justice pénale de prouver sa capacité à résister au bourrage de crâne médiatique.
A suivre ...