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Perine et le pot aux roses

Le parc Sainte-Perine, dans le 16ème arrondissement, est devenu le théâtre de verdure d’une comédie hypocrite.



Cet espace légèrement vallonné de plus de 5 hectares, dont les quatre-cinquièmes sont ouverts au public, a été donné à la ville de Paris par ses riches propriétaires il y a une trentaine d’années pour en faire un jardin. Situé au cœur d’un des quartiers chics de Paris, sa valeur potentielle est immense.

En 2006, Delanoë, pressé par les élus communistes, tente de le faire en partie déclasser pour un projet à forte visibilité sociale : la construction d’une résidence théoriquement réservée à des personnels de l’Assistance Publique. Cela déclenche une bronca qui réunit Verts, Modem et UMP et, lors du vote du Plan local d’urbanisme, le texte est repoussé par les conseillers de Paris.

Sainte-Perine illustre jusqu’à la caricature le choc de deux pratiques contradictoires de la politique municipale. D’un côté, faire du logement social pour y loger des électeurs reconnaissants. De l’autre, figer Paris et, notamment, sanctuariser le moindre espace vert pour ne pas déplaire aux riverains. Pour concilier ces objectifs, il n’est guère que deux solutions. La première consiste à préempter dans du bâti existant, ce qui fait monter les prix et contrarie le soi-disant projet social. La seconde conduit à utiliser les terrains encore constructibles, généralement près du Périphérique, pour y installer le plus possible de H.L.M., au risque de renforcer les logiques de ghetto. Dans le 16ème, où le mètre carré vaut une petite fortune et où les habitants sont procéduriers, aucune de ces solutions n’est évidente.

Toujours est-il que Delanoë, pour convaincre les communistes de s’allier avec lui dès le premier tour des municipales, s’est engagé à réintroduire rapidement la délibération sur Sainte-Perine et à s’asseoir sur le refus des Verts. Mais les élections sont passées et les communistes ne voient rien venir, ce qui a conduit l’un d’entre eux, Alain Lhostis, à présenter un vœu le 27 mai dernier pour demander que l’opération soit relancée. Abreuvé de bonnes paroles, il l’a retiré au dernier moment. Mais quelques oreilles qui traînaient ont entendu l’entourage de Jean-Yves Mano, l’adjoint au logement et par ailleurs élu du 16ème, susurrer que Lhostis pouvait toujours courir. Il va falloir que ce dernier soit vigilant ou il devra courir longtemps.

Grâce à l’absurde loi S.R.U., que personne ne semble vouloir remettre en cause, même à droite, alors qu’elle est pourtant aussi contreproductive dans le domaine du logement que le sont les 35 heures pour l’emploi, Delanoë peut continuer avec bonne conscience à poursuivre sa politique de constitution de poches clientélistes. Les tensions sur le marché immobilier parisien seraient mieux traitées par un assouplissement du coefficient d’occupation des sols pour relancer la construction, ce qu’il faudra inlassablement rappeler.

Lundi 9 Juin 2008
Serge Federbusch






1.Posté par sophie le 10/11/2008 01:32
complétement d'accord !

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