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Pourquoi Paris flambe-t-il ?

Le prix de l’immobilier parisien est le seul à continuer de grimper parmi les grandes villes françaises. La politique municipale y est pour quelque chose et le discours de la mairie sur le logement social n’en sonne que plus creux.



Pourquoi Paris flambe-t-il ?
Voilà une nouvelle qui va réjouir ceux qui possèdent un appartement et qui sont susceptibles de le revendre un jour mais qui va chagriner tous les autres, en particulier les jeunes qui chercheraient à s’installer à Paris. De toutes les grandes villes de France, Paris est la seule dont les prix au mètre carré continent de grimper, nous a appris « le Monde » du 6 avril.

Et le Nouvel Observateur a consacré lui aussi un dossier aux chiffres publiés par les chambres de notaires. L’explication, pour cet organe semi-officiel de la mairie, tiendrait dans l’intérêt des étrangers pour les investissements dans la capitale française, qui serait moins chère que d’autres grandes métropoles. Moyennement convaincant …

Les étrangers s’intéressent également à de nombreuses villes de province, notamment du sud, qui ne connaissent pas une telle hausse. Et cette augmentation des prix frappe tous les quartiers de Paris, même ceux où les étrangers ne vont pas sans qu’on puisse isoler un quelconque effet de report.

Un facteur évident de hausse est curieusement ignoré par la presse : le malthusianisme de la politique municipale. L’abaissement du coefficient d’occupation des sols et le mythe de la ville villageoise ont réduit la constructibilité et donc l’offre de mètres carrés. On ne bâtit quasiment plus à Paris. Et quand, toute chose égale par ailleurs, à demande constante l’offre baisse, les prix augmentent. C’est aussi simple que cela.

De plus, la mairie attise la hausse en préemptant pour faire du logement social dans du bâti ancien. Ceci garantit en quelque sorte aux vendeurs des prix planchers au moment des déclarations d’intention d’aliéner.

Enfin, la politique de répression des entrées d’automobiles banlieusardes dans Paris explique que, de guerre lasse, certains se résignent à revenir vivre intra-muros.

Aussi l’interview de Jean-Yves Mano, adjoint au logement, dans le même numéro de l’Obs oscille-t-elle entre le cynique et l’obscène. « Heureusement que nous sommes là et que nous faisons du logement social » dit-il en substance. Et son chef suprême lui dispute la palme de l’hypocrisie en s’émouvant du sort des classes moyennes menacées par la volonté gouvernementale de faire payer des surloyers à ceux qui sont installés dans des logements sociaux alors que leurs revenus ont dépassé les plafonds qui y donnent droit.

Relancer la construction et sortir du malthusianisme : telle est, me semble-t-il, la seule vraie solution à la crise du logement à Paris. Qu’en pensez-vous ?

Lundi 14 Avril 2008
Serge Federbush






1.Posté par pinpin le 14/04/2008 14:01
Il y a un vrai effort de logements sociaux dans le croissant EST : le 18, 19 et 20e arrondissement, mais cela déséquilibre encore plus Paris. Car on arrive à des taux de 30% de logements sociaux dans ces arrondissements !

Pour le reste, il est vrai que le logement n'est pas une priorité dans les nouvelles ZAC (Laennec, Rungis, ... )On continue à faire des bureaux et donc à accentuer le mouvement pendulaire banlieue paris.

Mais Delanoe n'a pas à lui seul les moyens d'influer sur le marché de l'immobilier. Et l'argument sur l'automobile me paraît faible, car les quartiers centraux (2e, 9e) où il est devenu impossible de se gare et où les prix de l'immobilier continuent de croître, ont reconduit Delanoe : le bobo chic est heureux sans voiture à Paris.

2.Posté par seb le 14/04/2008 15:45
bonjour
pourriez vous enquêter et nous faire un compte rendu objectif de la nouvelle lubie des ingénieurs ,architectes de la mairie concernant le nouveau sens de circulation rue notre dame des champs,ou les panneaux de sens interdit viennent de pousser comme des champignons nous annonçant avec fracas l'arrivée du général "fracas".
en effet à partir du 21/04 le quartier ressemblera à deux gouttes d'eau au sens de circulation de la tombe issoire ,à savoir un labyrinte inextricable,pensé par les bobos-verts pour les bobos verts
égoisme, élitisme quand tu nous tiens!!!! vive le calme ,la hausse de l'immobilier
cordialement

3.Posté par Chistera le 14/04/2008 18:22
Cette analyse est on ne peut plus vraie. Les prix augmentent d'autant plus dans le secteur libre à Paris que le logement social est en partie financé par les acquéreurs du secteur libre. Lorsqu'un promoteur construit plus de 1 000m² SHON il doit réaliser 25% de logement social payés en fait par les 75% restants, belle hypocrisie.
Sur les Batignolles on continue de plus belle. La ville veut 50% de logement social par conséquent elle vend aux promoteurs les autres lots à des prix prohibitifs (prix de sortie envisagés 9 500€/m²)
Résultat une ville pour des pauvres et des riches... et les autres...dehors!!!

4.Posté par Le Gargaillou le 14/04/2008 20:15
Je ne pense qu'en augmentant l'offre (construction de logements) à Paris, on aboutira de manière significative à une baisse des prix de l'immobilier à Paris. Paris est déjà une des capitales au monde où la densité de l'habitat est la plus forte. Paris manque d'espaces verts et d'espace tout court.
Le problème se situe du côté de la demande qui est quasiment insatiable. La principale raison en est que seul Paris dispose d'un système de transport complet, efficace et performant dans la région parisienne : de nombreux fanciliens choisiraient d'habiter Paris si ils en avaient la possibilité pour réduire le temps perdu et la fatigue accumulée lors des déplacements domicile-travail.
La solution est donc a) de développer les transports en Ile de France surtout en circulaire et non en radial, b) freiner le retour des sièges de grandes entreprises dans Paris, c) au contraire favoriser le développement de quartiers d'affaires et de services notamment à l'est et au nord de la région parisienne.
En un mot mettre en place une vraie politique d'aménagement de la région.

5.Posté par Vivre le Marais ! le 15/04/2008 15:29
Pour être crédibles, vous devez éviter d'être de mauvaise foi. La hausse du prix de l'immobilier à Paris n'est pas le fait de sa municipalité, pas plus que le pouvoir d'achat n'est du pouvoir du gouvernement. L'achat par les étrangers, qui sont plus riches que nous, est une réalité (75% dans le Marais IIIe et IVe). L'attrait pour Paris vient du fait que c'est la plus belle ville du monde, que son climat est tempéré, qu'elle est accueillante avec notamment ses terrasses de cafés, qu'elle reste un pôle culturel et que le prix du m² n'est pas très haut comparé à Londres, New York, San Francisco ou même Moscou. C'est aussi un ville très dense, beaucoup plus que Londres, identique à Manhattan. Augmenter sa densité serait un contresens, dont les parisiens en tout cas ne veulent pas, qui réclament au contraire des espaces verts et davantage de respiration.
Si votre objectif est de constituer une opposition valable à Delanoë, choisissez bien vos thèmes. Sinon, vous resterez sur le carreau.
VlM

6.Posté par serge federbusch le 16/04/2008 11:52
Le sujet de l'immobilier parisien suscite un intérêt insatiable et c'est bien normal.

L'évolution des prix n'est certes pas entièrement le fait de la politique municipale puisqu'il ne s'agit pas d'un marché administré. Cependant, la singularité des prix parisiens, qu'on observe depuis quelques temps, trouve forcément son origine dans une particularité locale et, là, les effets du malthusianisme municipal sont très certainement une cause explicative. On ne peut restreindre l'offre sans provoquer de hausse des prix dès lors que la demande continue de croître, même faiblement.

Le fait que cette demande soit (en partie) étrangère ne change rien au fond du problème et les achats de non-résidents dans une ville comme Londres sont tout aussi importants qu'à Paris. On ne fait que constater, avec un peu de retard par rapport au monde anglo-saxon, la dure réalité de la mondialisation du marché de l'immobilier des grandes métropoles.

Sur la densification, le débat est piégé et Delanoë compte bien s'en sortir par une pirouette médiatique avec quelques images de tours sur le périphérique. J'y reviendrai prochainement. Disons d'ores et déjà - et je suis prêt à assumer l'ire des uns et des autres- qu'il existe de nombreux endroits à Paris où l'on peut densifier intelligemment en construisant plus haut, des immeubles de qualité. Les avenues où le gabarit haussmannien et pré-haussmannien n'est plus respecté depuis belle lurette pourraient intégrer avec profit des immeubles montant jusqu'à une vingtaine d'étages sous certaines conditions. Outre la qualité architecturale et le renoncement à l'urbanisme sur dalle, il faut aussi abandonner l'idée de faire du social dans ce type de bâti car la conjonction 'tour-HLM" conduit le plus souvent à l'échec.

Mais, c'est promis, j'ouvre très bientôt un espace pour le débat sur cette question conflictuelle et passionnante. La seule condition de son bon déroulement, c'est l'écoute sereine des arguments des autres.

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