Arrietty

Arrietty est une oeuvre conservatrice au sens fort et salutaire du terme, agissant comme la gardienne et la dépositaire des meilleures traditions. Elle ne nous écrase pas d'images de synthèse et se contente pour l'essentiel de la vieille technique du dessin animé fait de lignes et de couleurs tracées sur des supports physiques, comme au bon vieux temps.

C'est une belle entreprise de syncrétisme culturel, l'esthétique manga étant enrichie de suaves et vaporeuses couleurs semblant sorties d'une toile de Monet : les champs de fleurs notamment vous raviront. La précision du trait est un régal pour l'oeil. L'histoire, mettant en scène des sortes de lutins vivant en passagers clandestins dans une belle maison n'a rien d'original. Elle est tout droit tirée d'un célèbre roman pour enfant anglais de Mary Norton, lui-même héritier de vieilles traditions populaires particulièrement vivaces dans le nord de l'Europe.

Mais, avec ces instruments aguerris par le temps, Ghibli et ses équipes touchent directement au coeur de nos émotions, il font vibrer la corde secrète des sentiments d'abandon et de solitude qui étreignent souvent les jeunes enfants. La famille désunie ou fragile, l'amour impossible, les ravages de l'ignorance : les grandes peurs des premiers âges de la vie et de ceux qui suivront sont mises très simplement à jour.

Bravo petite Arrietty !