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CHOMAGE SUR MESURE



Christiane Chavane ne chôme pas pour vous expliquer les nouvelles entourloupes de Hollande en inverseur de courbes.



Puisque rien ne marche, continuons. Hollande a trouvé le moyen de résorber le chômage. Sa boîte à outils compte plusieurs instruments émoussés que des décennies de ministres du travail ou de l’emploi, selon la saison, ont utilisés jusqu’à la corde avec une absence totale de résultats. Mais ce n’est pas une raison pour ne pas persévérer.

Le premier outil est imparable : envoyer 500.000 chômeurs soit presque 10% des chômeurs officiellement répertoriés suivre une formation au numérique. On ne sait pas bien sur quoi une telle formation va déboucher, mais au moins pendant ce temps on aura 10% de chômeurs en moins. C’est comme ça qu’on inverse une courbe récalcitrante. Ça ne dure qu’un temps, mais si la formation est suffisamment longue on pourra faire tirer jusqu’à la campagne présidentielle, en espérant qu’ensuite une petite croissance montrera le bout du nez. On peut toujours rêver, ça ne coûte pas cher. Cette histoire de formation, par contre, Mou-Président ne l’a pas chiffrée. C’est gratuit, c’est l’état qui paie.

Le second renoue avec les emplois aidés : une prime de 2000 euros pour l’embauche d’un nouveau salarié dans les TPE et PME de moins de 250 personnes. Ce dispositif généreux est chiffré à 2 milliards d’euros sur 2016 et 2017 soit un petit milliard par an. En réalité c’est une magnifique aubaine pour les entreprises qui avaient déjà prévu d’embaucher et qui l’auraient fait pour rien. Pour les autres il y a quelque chose que nos politiciens n’ont pas encore compris : une entreprise n’est pas là pour embaucher par philanthropie, par civisme, ou pour aider un président à garder son job. Une entreprise embauche quand elle a besoin d’un salarié, soit pour remplacer un partant, soit pour faire des économies, soit pour augmenter son chiffre d’affaires. Les deux premiers cas ne nous intéressent pas. Dans ce 3e cas seulement, qui parie sur une croissance de l’entreprise, il faut se demander si la marge brute générée par ce nouveau chiffre d’affaires va éponger le salaire, les charges et les dépenses supplémentaires liés au poste de travail créé. C’est un pari sur l’avenir, qui demande non seulement de faire un calcul d’investissement, mais aussi de ne pas craindre que de nouvelles charges ou de nouvelles contraintes paperassières ne viennent pas ruiner les projets de l’entreprise. Hélas en France tant le droit du travail que la fiscalité n’en finissent pas de changer. Cette insécurité est la première entrave au marché de l’emploi. De plus notre coût du travail est grevé par les charges les plus lourdes de la planète, ce à quoi nous devons ajouter la CFE, la taxe sur les transports publics, qui ne figure pas dans le coût du travail mais pèse 1,4% de la masse salariale, et l’IS le plus élevé d’Europe. Verser 2000 euros pour un salarié, soit 166 euros par mois de baisse de charges pendant un an, avec comme contrainte de le payer entre 1,2 et 1,5 Smic, c’est à la fois minable et inefficace. Ce qu’attend le patronat c’est ni plus ni moins qu’une baisse généralisée de charges pour TOUS les salariés afin de revenir à des taux raisonnables. De plus si les charges baissaient réellement on pourrait en profiter pour augmenter les salaires réels et la consommation ne s’en porterait que mieux. Il existe des moyens de le faire sans ruiner les comptes de la nation, en réduisant les dépenses publiques, mais pour ça il faut de la bonne volonté, pas seulement des effets d’annonce du genre CICE : « je te plume de 40 milliards et je t’en rends trente » qui peut se traduire par « file moi 5 euros, je te paie à boire (un café) ».

Bien entendu l’arsenal des emplois publics sans objet dits emplois-jeunes ou emplois-d’avenir continuera en 2016 à plomber l’économie réelle. La Grande Bretagne a créé 4 emplois par suppression de poste de fonctionnaire. C’est parfaitement explicable, tout emploi public génère des coûts payés par le privé, et donc détruit les richesses créées par les entreprises. Il est d’usage de considérer qu’un emploi de fonctionnaire tue deux à trois emplois dans le privé. Ça ne veut pas dire que tous les fonctionnaires sont inutiles : il faut des policiers, des pompiers, des militaires, des juges, des diplomates… Mais ça veut dire que point trop n’en faut, et qu’il faut veiller à éviter les surnombres. Nous en avons 3 millions de trop pour être dans la moyenne européenne. Imaginez, si nous faisions comme les Anglais, nous créerions 12 millions de postes et nous manquerions de main d’œuvre.

Une preuve que nous en avons vraiment en trop : le personnel du ministère de l’intérieur s’est vu interdire l’accès aux rectifications sur Wikipédia parce qu’ils y semaient la zone, y réglaient leurs comptes entre eux, rectifiaient sans arrêt les informations… Bien entendu c’est l’adresse IP du ministère qui a été bloquée, ce qui veut dire qu’ils se livraient à ces absurdités pendant leur temps de travail. Qu’on ne vienne pas nous dire qu’ils sont débordés par les problèmes de sécurité des Français, qui est le dernier de leurs soucis après les dates de ponts et de jours fériés.

Quant au 3e volet du plan : il est à la fois destiné à lutter contre le chômage des jeunes et à leur inculquer les fameuses « valeurs républicaines ». Actuellement quelques dizaines de milliers de jeunes socialistes désoeuvrés s’occupent et se donnent bonne conscience en effectuant un service dit « citoyen ». Soit ! Ils sont volontaires. Hollande voudrait que tous suivent un parcours civique depuis le collège, le tout assorti d’un livret citoyen marquant les grandes étapes de leur engagement. Il est certain que là encore, les près de 300.000 jeunes qui entrent sur le marché du travail vont pouvoir éviter de pointer chez Popol Lemploi, ce qui fera baisser les statistiques du chômage. Mais le pire, c’est quand même la fabrication de petits soldats socialistes soviétiques abreuvés de bons sentiments républicains… La route de la servitude c’est par là qu’elle passe, et le goulag est au bout du chemin. Il est évident qu’il faudra prouver son engagement socialiste pour entrer dans la fonction publique, les emplois privés étant en fin de compte réduits à la portion congrue, et très mal vus, ne serait-ce que pour louer un logement ou obtenir un prêt bancaire.

Ce que n’a pas prévu Hollande c’est la fronde des élus locaux, qui, après avoir largement gaspillé l’argent public, se retrouvent fort dépourvus et incapables de faire face à leur obligation de paiement du RSA. La menace d’inscrire les ayant-droit du RSA au chômage est bien réelle, et ce serait d’ailleurs parfaitement logique. Lorsque le RSA a remplacé le RMI c’était bien dans une optique de retour à l’emploi, que je sache !
Après il reste la méthode Tapie : interdire le chômage ! Mais c’est idiot, il serait plus simple d’interdire le travail. Par définition le chômage n’existerait plus.

Et puis, la lutte contre le chômage des jeunes passe par la formation professionnelle, et là il faut adresser vos vœux à Bécassine pour qu’elle nous concocte une réforme intelligente de l’éducation nationale. SOS Education a lancé une pétition dans ce sens et je vous engage à la signer après avoir choisi l’une des deux lettres qu’ils ont rédigées. Voici le lien : petitions.soseducation.org/meilleursvoeux/ecrire.php

Dimanche 17 Janvier 2016
Serge Federbusch






1.Posté par Picsou 75 le 18/01/2016 11:28
Employeur moi même, je ne peux que souscrire à ce qui est dit ici.
Les charges sont montées à un tel niveau, que le système est devenu fou: le moindre pansement, replâtrage, sauvetage de dernière minute sur une telle structure conduit à des aberrations. Exemple avec le CICE, plafonné à 2,5 fois le smig (3666,65), plaqué sur un système qui déjà exponentiel (1100,00 net payé coûte 1880,00, alors que 2518,00 net payés coûte 5518,00), le tout fait que les salaires sont bloqués avec ces effets de seuil. Pour l'anecdote, c'est à l'euro près : à 3667 euros le CICE passe à 0 ! Quant aux chocs de simplifications, au choc sur la feuille de paie, et autres balivernes, on attend toujours...

2.Posté par Kirato Sum le 19/01/2016 01:49
Pas un mot sur nos pitoyable RH, les plus connes du monde qui fait que des gens de valeurs n'occuperont jamais les postes qui leurs convient, parce que c'est pas marqué bac+5 et que ça va pas dans la grille ? Personne n'en parle mais c'est une plaît aussi...

3.Posté par Phil75 le 20/01/2016 08:03
@Kirato Sum : +1000 à propos des RH. En 20 ans j'ai vu le nombre de "RH" en tous genres exploser dans ma boîte (entre DRH, RRH et autres assistantes RH) et je n'ai toujours pas compris ce qu'ils/elles faisaient de leurs journées. Surtout au niveau DRH, ces personnes ont manifestement oublié ce que signifiait le "H" de leur fonction. Et le pire, c'est que la gestion des "ressources humaines" (j'ai d'ailleurs horreur de ce mot qui identifie les humains à des "ressources" comme le pétrole ou les matières premières) n'a jamais aussi mal fonctionné, que ce soit au niveau recrutement, gestion des carrières, gestion des rémunérations, gestion des formations...

Pour la prétendue économie "numérique" c'est un mirage. Si elle produit de la "valeur" au sens boursier du terme, elle ne crée que très peu d'emplois : quelques emplois très bien payés d'un côté et un nouveau lumpenprolétariat de l'autre (voir notamment des exemples comme Uber ou Amazon). Pratiquement aucun emploi intermédiaire, créateur de la vraie classe moyenne, comme le faisait l'industrie. Mais pour la volonté de réindustrialisation de la France, on attend toujours...

4.Posté par menfin le 21/01/2016 12:21
@kirato sum : sur les RH, c'est vrai. Mais c'est un mal Français : quand on envoie tous les jeunes au bac et qu'on les pousse à se surdiplomer sans que leur formation ait le moindre rapport avec ce qu'attendent les entreprises, il est difficile de ne pas faire de la surenchère en embauchant des bacs + 5 là où un CAP suffirait... et le CAP pointe à Pole Emploi. Il en est de même dans les emplois publics : autrefois un instituteur était bac + 2, maintenant on prend des bacs + 5 inadaptés à ce job.
L'autre mauvaise facette des RH est évidemment la gestion des carrières. Bien souvent le salarié qui pourrait évoluer stagne à son poste et si une opportunité se crée on ira embaucher à l'extérieur plutôt que de la lui proposer. En période de croissance on peut toujours partir, mais depuis 20 ans il n'y a plus de croissance.

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