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John Who ?


John Woo, l'excellentissime metteur en scène des cabrioles des triades hongkongaises est parti voici quinze ans environ exercer son talent à Hollywood. Avec des résultats mitigés. Il revient en Chine pour s'inscrire sur la liste, qui s'allonge sans cesse, des metteurs en scène d'épopées historiques en décors fastueux et scénarii convenus.

Ses "trois royaumes" n'échappent pas, en effet, à quelques vilains défauts de ce genre boursouflé. Mais sa maîtrise du métier est telle qu'il nous livre un film distrayant et instructif, ce qui est déjà bon à prendre.



John Who ?
Insaisissable Woo ... Alors qu'il nous faisait jubiler avec ses histoires de bandits-philosophes hongkongais, il décida soudain de tenter l'aventure américaine. Son premier opus hollywoodien, "Face off" fut un plein succès. Il offrit un superbe rôle à Travolta et joua au mieux sur ses thèmes favoris : l'ambiguïté des identités, la fragilité des hommes face au bien et au mal et leur rédemption par la loyauté. Puis ce fut la contre-performance de sa contribution à la série "mission impossible" portée sur grand écran et une suite de films décevants.

Ses fans attendaient donc avec espoir et inquiétude son retour au bercail. Dans "les trois royaumes" disons que Woo n'a pas voulu prendre de risques. Il s'est d'abord calé au plus près du fameux "roman" historique de Luo Guanzhong, écrit au 14ème siècle et qui relate des faits alors vieux de mille ans : la guerre entre les royaumes qui se partageaient le Nord, le Sud et l'Ouest de la Chine.

Il a ensuite adopté une narration très linéaire, suivant pas à pas la préparation et le déroulement de la bataille dite de la falaise rouge, dont le nom n'est pas lié à une quelconque couleur de la roche mais simplement au fait que l'affrontement fut si sanglant qu'il en teinta, dit-on, le sol et la mer. Ce qui fait d'ordinaire l'originalité et la grâce du cinéma de Woo : des scènes soudain tournées au ralenti, une lumière brillante et féerique, l'usage savant de la bande-son, est certes au rendez-vous mais utilisé avec parcimonie.

La faiblesse évidente du film tient au caractère trop typé et presque caricatural des personnages. Il faut dire que Tony Leung Chiu Wai et Takeshi Kaneshiro sont devenus des abonnés du genre ( voir ici) et reproduisent leurs mimiques de film en film. On en viendrait à croire qu'un quelconque syndicat des acteurs sino-japonais les impose sur chaque tournage.

Ce qui sauve "les trois royaumes", c'est tout simplement la culture politique de Woo qui connaît bien ses classiques et décrypte parfaitement ce qu'il y a de contemporain, c'est à dire de permanent, dans l'affrontement entre un pouvoir dictatorial et impérialiste et des résistants galvanisés par la volonté farouche de conserver leur liberté. Malgré l'emphase des décors et des situations, son histoire parvient quand même à rester réaliste. Les assiégés finiront par triompher, non parce qu'ils auront gagné, mais parce que l'armée du despote n'est par parvenue à les anéantir, malgré son gigantisme et la disproportion des forces en présence. Woo sait jouer de ces archétypes avec professionnalisme et la saga finit par fonctionner grâce à quelques scènes mémorables de bataille.

Bref, ces "trois royaumes" sont, on peut l'espérer, une étape vers la récupération par Woo de son identité réelle.

Jeudi 23 Avril 2009
Serge Federbusch





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