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DELANOPOLIS
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Le nègre (littéraire bien sûr)



Le politiquement correct a inhibé les traducteurs du titre du dernier film de Polanski. Claude Ribbe, écrivain dont les narines s'enflamment au moindre relent de racisme de la moindre expression séculaire a même demandé à ce que l'usage de ce mot soit banni ! Rions de ces chevaliers à la triste figure et savourons l'excellent opus de Polanski, ce franco-polonais assigné à résidence en Suisse qui nous livre un long métrage remarquable sur la part d'ombre d'un homme politique anglais, dont l'action est censée se dérouler aux Etats-Unis mais qui fut tourné en Allemagne.



Le nègre (littéraire bien sûr)
D'abord, le Delanopolis doit faire paraître une petite annonce immobilière. Serge Federbusch, élu du Xème arrondissement, est prêt à louer à tout moment la sublimissime villa où fut réalisé ce film, ameublement et tableaux compris. Son propriétaire est simplement prié de consentir à ce petit fonctionnaire un rabais de 99% sur les tarifs qu'on peut présumer au regard du luxe absolu des lieux et de sa décoration sans aucune faute de goût. Chapeau bas devant qui en est l'auteur ! Ce cadre, à lui seul, justifierait qu'on aille voir le film.

On saluera ensuite l'extrême professionnalisme de Polanski, son art subtil du cadrage, son sens de l'ellipse, son jeu de va-et-vient entre les petits détails de l'environnement et la mise en valeur des acteurs, la très grande qualité de ces derniers de Pierce Brosnan à Ewan Mc Gregor en n'oubliant pas la beauté hiératique de celle qui incarne l'épouse de l'ex-premier ministre britannique, Olivia Williams, un peu jeune pour le rôle, mais bon ... Ils sont parfaits, il n'y a pas d'autres mots.

Le scénario fonctionne à merveille, on se délecte des dialogues et on ne s'ennuie pas un quart de seconde, jusqu'au jouissif dénouement final, qui prend le spectateur à rebrousse-préjugé. Le pied-de-nez des dernières minutes relativise heureusement en effet l'idiote morale anti-blairiste qui domine les premiers quatre-cinquièmes du film.

Le nègre littéraire dont on nous conte les mésaventures est un bobo perdu chez les grands fauves politiques qui préfère rouler à vélo plutôt que prendre un 4x4 BMW. Il a pourtant raison de se résoudre in fine à l'usage de ce puissant véhicule : c'est ainsi qu'il progressera dans sa quête de la vérité. Et l'on aurait souhaité que Polanski s'attarde un peu plus sur la question posée par Blair/Brosnan à tous ses détracteurs : si vous avez le choix entre deux queues à un aéroport, une d'elle menant à un avion dans lequel on embarque sans contrôle mettant en cause le moindre droit de l'homme et une autre où l'on est sévèrement fouillé par un pays combattant pied à pied le terrorisme au risque de heurter ces droits, vers quel avion dirigerez-vous vos enfants ?

Malgré tout, la seule faiblesse du film tient à une naïveté résiduelle du propos politique. Croire, en particulier, que ce qui arrive à l'ancien premier ministre relativement à son épouse est possible revient à sous-estimer jusqu'à l'absurde l'efficacité des services de renseignement britannique. De même, donner de la justice pénale internationale (une machine dispendieuse et inefficace cumulant les tares de la diplomatie multilatérale et les lourdeurs d'un appareil judiciaire) l'image d'une super magistrature agissant au quart de tour est d'une ignorance déconcertante.

Mais enfin, ce n'est pas tous les jours que l'on peut voire un film aussi bien fait. Bravo Polanski !

Un dernier message personnel, adressé à un joggeur assidu du parc Monceau : allons mon vieux, démerde-toi pour purger une petite peine aux US, reviens avec un bel ouvrage sur leur justice et leur univers carcéral et retrouve ta liberté de mouvement, quoi !


Jeudi 4 Mars 2010
Serge Federbusch





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