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Les curieuses emplettes culturelles de Delanopolis : fausse Potiche, Angola mystérieux et France renaissante.



Deux ou trois choses à faire ou voir dans notre vieille ville, sans qu'un clown municipal n'ait encore à s'en mêler ...



Les curieuses emplettes culturelles de Delanopolis : fausse Potiche, Angola mystérieux et France renaissante.
1 - Tout d'abord, nous ne vous recommanderons que mollement d'aller bouger la "Potiche" de François Ozon. Ce jeune quadra devait beaucoup admirer Catherine Deneuve dans sa jeunesse pour lui offrir aujourd'hui sur un plateau d'argent son premier rôle de grand mère brûlant des derniers feux d'un érotisme quasi-éteint. Mais cet amour était forcément platonique et la pauvresse ( avec un hiératisme dont su admirablement jouer Bunuel dans des temps fort anciens ) est définitivement engoncée dans le rôle de bourgeoise provinciale que lui concocte Ozon. Même quand elle brise ses chaînes, fait du jogging ou se révèle une coureuse de pantalons, elle remue à peine.

Le réalisateur a fait aussi de lourds efforts pour reconstituer la fin des années 1970. Dès les premières images, on savoure une vue plongeante sur des "Stan Smith" d'Adidas, icône de la chaussure de tennis de l'époque. Le problème est qu'Ozon n'a manifestement qu'un vague souvenir de la fin des années 1970 (il est né en 1967) et que, s'il en restitue le décor, il n'en a pas capturé l'esprit lequel était déjà marqué par une certaine inquiétude sur le déclin de la France. Tout ce qu'il nous présente est donc artificiel.

Comme, par ailleurs, la satire sociale ne s'évade jamais de la caricature (voir les visages des syndicalistes !) et que les bons sentiments, la concorde et l'unanimisme finissent par triompher au son de "c'est beau la vie", tout est réuni pour assurer au film un succès populaire à la hauteur de son faible intérêt. Enfin ... soyons juste, au moins ce n'est pas ennuyeux.

2 - Nettement plus stimulante est l'exposition du musée Dapper sur les arts de l'Angola. Isolé par son appartenance à la sphère d'influence lusitanienne, l'Angola, ses masques, ses fétiches et ses idoles sont moins connus et identifiés que leurs immédiats cousins du Congo par exemple. Ils en partagent pourtant la puissance évocatrice et les effigies des dieux et des rois y sont d'une force tranquille. Dapper nous explique parfaitement le rôle et l'histoire de ces croyances dans leurs rapports avec l'art. Encore une petite mais magnifique exposition de cette institution exemplaire entièrement financée par le mécénat du riche et discret monsieur Leveau que la rumeur crédite de la plus belle collection d'arts primitifs au monde. Pourvu qu'il la donne un jour à la France !

3 - La France justement, mais en 1500, entre Moyen-âge et Renaissance. Ces périodes dites charnières sont toujours un peu énervantes car on décèle beaucoup sans que rien n'y aille à terme. Les thèmes et représentations sont encore médiévaux : la Vierge est omniprésente et l'enfant Jésus ne la quitte que rarement. Mais les techniques évoluent déjà vers plus de préciosité sans qu'on atteigne la maîtrise de la vraie Renaissance à l'exception notable du Vinci de la "Belle ferronnière", un chef d'oeuvre incroyable de portrait pénétrant qui réduit à presque rien tout ce qui est exposé aux alentours. Comment découper l'Histoire en segments quand de pareils génies en bouscule à jamais les logiques ? En tous cas, pas mal de jolies oeuvres exposées au Grand Palais et l'occasion de réviser ses connaissances sur cette époque où des grands esprits et des artistes dirigeaient la France : honorons la mémoire de la très-noble et très-puissante princesse Marguerite, soeur de roi, esprit affranchi et auteur du galant Heptaméron, un des meilleurs écrits de l'époque.

Dimanche 14 Novembre 2010
Serge Federbusch





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