Sans doute par crainte de passer pour des ringards et pour éviter de donner l’image d’une opposition systématique, les conseillers de Paris ont uniment voté l’extension du T 3 vers l’Est. C’est bien regrettable : dire non à une absurdité est toujours raisonnable, quels que soient la pression du politiquement correct et l’air du temps.
Car le tramway des Maréchaux, dont le bilan économique et environnemental sur son parcours Sud est négatif, contrairement à ce qu'en dit la mairie (voir ici et ici), reste une fausse bonne idée. Et son parcours d’Ouest en Est sera ponctué de nombreux points noirs. Suivez le guide !
Première station ☝: pont National, où le tramway franchira la Seine. Il faut impérativement l’élargir ainsi que retraiter les bretelles qui permettent au trafic automobile de franchir les quais de Bercy d’un côté et Panhard et Levassor. La ville a prévu une somme dérisoire pour financer ces travaux : 3, 2 millions d’euros. A ce tarif, les questions techniques et de propriété du sol, à côté des voies S.N.C.F., devront être résolues par enchantement.
Seconde station ☟: l’accès à la pelouse de Reuilly et à la foire du Trône, déjà chaotique en période de fêtes. Envisager d’aller au cirque en voiture avec sa marmaille deviendra une folle équipée. L’usage du métro ou du tramway sera donc obligatoire et l’on souhaite bien du plaisir aux familles surchargées et accompagnées de petits enfants dans leur parcours du combattant. Ce sont les forains qui vont être contents.
Troisième station : ☺quelle œuvre d’art Christophe Girard a-t-il prévu d’installer pour rendre hommage à Courteline quand le tram arrivera en face de l’avenue qui porte son nom ? Rien ! C’est un scandale, s’agissant d’un des pères de la dénonciation des absurdités bureaucratiques. Il importe que Sophie Calle soit missionnée sur cette question, si besoin par téléphone.
Quatrième station : ☠ porte de Vincennes. C’est la première grosse difficulté. Pour éviter que les retards d’une rame ne s’accumulent le long de son parcours et n’aboutissent en fin de ligne à des attentes insupportables, il est prévu de scinder le trajet en deux tronçons avec changement à la porte de Vincennes. Les voyageurs qui souhaiteront aller au-delà devront descendre et traverser le cours de Vincennes à pied pour changer de train. C’est la théorie dite des « deux arcs » qui n’a pas été inventée par une flèche ! Elle va engendrer un flux piéton considérable dans la traverse, obliger la préfecture à mettre en place un dispositif de sécurité avec surélévation et barrières, créer un trafic dangereux à proximité des lycées Hélène Boucher et Maurice Ravel, contraindre à détruire des places de stationnement ainsi que les très coûteux aménagements d’ « embellissement » de la porte de Vincennes, tout juste achevés et dont se gobergeait la mairie du 20ème. Les quelques réunions de concertation organisées sur le sujet ont provoqué des broncas chez les riverains. Point n’est besoin d’être grand clerc pour prédire que la résistance s’intensifiera quand la population se rendra compte du chaos provoqué par l’installation de deux lignes de tram, de leurs quatre voies et de leurs quais dans cette zone déjà congestionnée.
Cinquième station : ☂ porte de Bagnolet. C’est à se demander si les concepteurs du T 3 ont jamais mis les pieds sur le rond point où débouchent les boulevards Davout, Mortier, la rue Belgrand et l’avenue de la porte de Bagnolet. L’endroit est constamment saturé de trafic. On y trouve, outre ceux qui fréquentent les Maréchaux, les braves gens qui veulent se rendre à Bagnolet, par exemple vers la gare internationale des autocars ou le centre commercial « Bel Est », un des plus importants aux portes de Paris, ou ceux qui veulent prendre l’autoroute A 3. Les embouteillages y sont constants. Ajoutez-y une ligne de tramway et transformez Paris en forteresse avec des voitures pour rempart …
Sixième station : ✄ près d’un kilomètre en cul-de-sac entre la porte des Lilas et celle de Pantin. Du fait de la configuration pentue du terrain, du tracé des Maréchaux qui contournent l’ancienne butte où fut bâti l’hôpital Robert Debré dans les années 1980 puis passent entre le périphérique et les Buttes-Rouges et de l’absence de connexion avec tout autre mode transport (la station Pré-Saint-Gervais est malcommode et en fin de ligne), ce sera un investissement considérable pour un trafic réduit et qui se satisfaisait amplement de la ligne de bus PC.
Septième station ☃ : flûte et pipeau chez Sérurier. Le tram sera idéal, sur ce boulevard où il ne se passe pas grand-chose, afin de desservir le futur grand auditorium, proclame la mairie. Notons au passage qu’elle n’a pas prévu de consacrer un liard à l’édification de cet équipement et s’en remet à un très hypothétique partenariat avec le privé en guise de participation municipale voir ici son plan d'investissement . Dans l’état actuel et prévisible des finances du ministère de la culture, qui devrait donc en supporter seul la charge, tout cela fait doucement sourire et sonne comme un air de pipeau. Ce qui est beaucoup plus tangible, en revanche, c’est la neutralisation du stade Jules Ladoumègue, de l’autre côté du boulevard, pour un temps indéterminé, afin d’y creuser en sous-sol un atelier de réparation des rames du tramway. Ce stade est pourtant le plus important des équipements sportifs du Nord de Paris et sert à des dizaines de milliers de scolaires et de sportifs amateurs chaque année. Encore des futurs partisans du tram, c’est sûr !
Huitième station ☢ : la baïonnette de la Villette. Pas de chance, le boulevard Mac Donald s’arrête brusquement au niveau de l’avenue Corentin Cariou pour reprendre son cours sur l’avenue de la porte de la Villette, après une interruption en forme de baïonnette. Les aménagements nécessaires pour le franchissement de ce coude sont complexes et impliquent un fort ralentissement du tram et des pollutions sonores importantes. Du côté du Quai de la Gironde, il faudra abattre des platanes centenaires puisque la mairie n’a pas voulu d’un tracé direct sur le pont-rail de la porte de la Villette (en raison de sa volonté de musarder vers Pantin comme indiqué ci-après). Ce gymkhana se fera en partie sur des emprises foncières de R.F.F./S.N.C.F. (rue de la clôture) ou du ministère de la culture (Bd Mac Donald). Une fois encore, les budgets et les délais pour tous ces travaux et ces acquisitions sont sous-évalués (4 millions d’euros pour l’ensemble des terrains dans le dossier d’enquête publique !).
Neuvième et dernière station ✞ : le circuit à travers l’entrepôt Mac Donald et Pantin, une véritable apothéose. Nous avons déjà longuement traité de ce détour incompréhensible, si ce n’est pour des raisons politiques (voir ici). Ses inconvénients sont nombreux et commencent à peine à être entrevus par les habitants et les usagers. Il se traduira notamment par une perte de temps de transport, une interconnexion douteuse avec le RER E, néglige l’utilisation de la petite ceinture pourtant recommandée par le conseil régional et les liens avec le TramY, et frustre, sur une longue portion de son parcours, toux ceux qui utilisaient le bus PC sans leur offrir de compensation.
Ouf ! Vous voilà arrivés enfin porte de la Chapelle, à immédiate proximité de l’énorme « plat de spaghettis » où s’entrecroisent plus de vingt voies de circulation en tous genres et où le T3 est censé tirer sa révérence.
En définitive, le tramway des Maréchaux Est n’est pas que la continuation du tronçon Sud. Il en accentue les travers jusqu’à l’absurde. Son coût n’est pas maîtrisé et son intérêt économique et social, au regard du maintien de l’actuel bus PC qui roule en site propre, est proprement extravagant. On a d’abord parlé de 820 millions d’euros, on évoque désormais 931 et tout cela est-il encore loin du compte.
Mais le pire est la sorte de barrière métallique glissante que le tramway va placer entre Paris et les communes limitrophes. A certaines portes, notamment Dorée, Vincennes, Bagnolet, Lilas, Pantin et la Chapelle, les encombrements seront dantesques, et pas seulement pendant les travaux. Les socialistes parisiens vont faire du Baupin sans Baupin et même du « pire-que-Baupin ». Ils en paieront les pots cassés, c’est bien la seule bonne nouvelle de cette ridicule affaire.
Car le tramway des Maréchaux, dont le bilan économique et environnemental sur son parcours Sud est négatif, contrairement à ce qu'en dit la mairie (voir ici et ici), reste une fausse bonne idée. Et son parcours d’Ouest en Est sera ponctué de nombreux points noirs. Suivez le guide !
Première station ☝: pont National, où le tramway franchira la Seine. Il faut impérativement l’élargir ainsi que retraiter les bretelles qui permettent au trafic automobile de franchir les quais de Bercy d’un côté et Panhard et Levassor. La ville a prévu une somme dérisoire pour financer ces travaux : 3, 2 millions d’euros. A ce tarif, les questions techniques et de propriété du sol, à côté des voies S.N.C.F., devront être résolues par enchantement.
Seconde station ☟: l’accès à la pelouse de Reuilly et à la foire du Trône, déjà chaotique en période de fêtes. Envisager d’aller au cirque en voiture avec sa marmaille deviendra une folle équipée. L’usage du métro ou du tramway sera donc obligatoire et l’on souhaite bien du plaisir aux familles surchargées et accompagnées de petits enfants dans leur parcours du combattant. Ce sont les forains qui vont être contents.
Troisième station : ☺quelle œuvre d’art Christophe Girard a-t-il prévu d’installer pour rendre hommage à Courteline quand le tram arrivera en face de l’avenue qui porte son nom ? Rien ! C’est un scandale, s’agissant d’un des pères de la dénonciation des absurdités bureaucratiques. Il importe que Sophie Calle soit missionnée sur cette question, si besoin par téléphone.
Quatrième station : ☠ porte de Vincennes. C’est la première grosse difficulté. Pour éviter que les retards d’une rame ne s’accumulent le long de son parcours et n’aboutissent en fin de ligne à des attentes insupportables, il est prévu de scinder le trajet en deux tronçons avec changement à la porte de Vincennes. Les voyageurs qui souhaiteront aller au-delà devront descendre et traverser le cours de Vincennes à pied pour changer de train. C’est la théorie dite des « deux arcs » qui n’a pas été inventée par une flèche ! Elle va engendrer un flux piéton considérable dans la traverse, obliger la préfecture à mettre en place un dispositif de sécurité avec surélévation et barrières, créer un trafic dangereux à proximité des lycées Hélène Boucher et Maurice Ravel, contraindre à détruire des places de stationnement ainsi que les très coûteux aménagements d’ « embellissement » de la porte de Vincennes, tout juste achevés et dont se gobergeait la mairie du 20ème. Les quelques réunions de concertation organisées sur le sujet ont provoqué des broncas chez les riverains. Point n’est besoin d’être grand clerc pour prédire que la résistance s’intensifiera quand la population se rendra compte du chaos provoqué par l’installation de deux lignes de tram, de leurs quatre voies et de leurs quais dans cette zone déjà congestionnée.
Cinquième station : ☂ porte de Bagnolet. C’est à se demander si les concepteurs du T 3 ont jamais mis les pieds sur le rond point où débouchent les boulevards Davout, Mortier, la rue Belgrand et l’avenue de la porte de Bagnolet. L’endroit est constamment saturé de trafic. On y trouve, outre ceux qui fréquentent les Maréchaux, les braves gens qui veulent se rendre à Bagnolet, par exemple vers la gare internationale des autocars ou le centre commercial « Bel Est », un des plus importants aux portes de Paris, ou ceux qui veulent prendre l’autoroute A 3. Les embouteillages y sont constants. Ajoutez-y une ligne de tramway et transformez Paris en forteresse avec des voitures pour rempart …
Sixième station : ✄ près d’un kilomètre en cul-de-sac entre la porte des Lilas et celle de Pantin. Du fait de la configuration pentue du terrain, du tracé des Maréchaux qui contournent l’ancienne butte où fut bâti l’hôpital Robert Debré dans les années 1980 puis passent entre le périphérique et les Buttes-Rouges et de l’absence de connexion avec tout autre mode transport (la station Pré-Saint-Gervais est malcommode et en fin de ligne), ce sera un investissement considérable pour un trafic réduit et qui se satisfaisait amplement de la ligne de bus PC.
Septième station ☃ : flûte et pipeau chez Sérurier. Le tram sera idéal, sur ce boulevard où il ne se passe pas grand-chose, afin de desservir le futur grand auditorium, proclame la mairie. Notons au passage qu’elle n’a pas prévu de consacrer un liard à l’édification de cet équipement et s’en remet à un très hypothétique partenariat avec le privé en guise de participation municipale voir ici son plan d'investissement . Dans l’état actuel et prévisible des finances du ministère de la culture, qui devrait donc en supporter seul la charge, tout cela fait doucement sourire et sonne comme un air de pipeau. Ce qui est beaucoup plus tangible, en revanche, c’est la neutralisation du stade Jules Ladoumègue, de l’autre côté du boulevard, pour un temps indéterminé, afin d’y creuser en sous-sol un atelier de réparation des rames du tramway. Ce stade est pourtant le plus important des équipements sportifs du Nord de Paris et sert à des dizaines de milliers de scolaires et de sportifs amateurs chaque année. Encore des futurs partisans du tram, c’est sûr !
Huitième station ☢ : la baïonnette de la Villette. Pas de chance, le boulevard Mac Donald s’arrête brusquement au niveau de l’avenue Corentin Cariou pour reprendre son cours sur l’avenue de la porte de la Villette, après une interruption en forme de baïonnette. Les aménagements nécessaires pour le franchissement de ce coude sont complexes et impliquent un fort ralentissement du tram et des pollutions sonores importantes. Du côté du Quai de la Gironde, il faudra abattre des platanes centenaires puisque la mairie n’a pas voulu d’un tracé direct sur le pont-rail de la porte de la Villette (en raison de sa volonté de musarder vers Pantin comme indiqué ci-après). Ce gymkhana se fera en partie sur des emprises foncières de R.F.F./S.N.C.F. (rue de la clôture) ou du ministère de la culture (Bd Mac Donald). Une fois encore, les budgets et les délais pour tous ces travaux et ces acquisitions sont sous-évalués (4 millions d’euros pour l’ensemble des terrains dans le dossier d’enquête publique !).
Neuvième et dernière station ✞ : le circuit à travers l’entrepôt Mac Donald et Pantin, une véritable apothéose. Nous avons déjà longuement traité de ce détour incompréhensible, si ce n’est pour des raisons politiques (voir ici). Ses inconvénients sont nombreux et commencent à peine à être entrevus par les habitants et les usagers. Il se traduira notamment par une perte de temps de transport, une interconnexion douteuse avec le RER E, néglige l’utilisation de la petite ceinture pourtant recommandée par le conseil régional et les liens avec le TramY, et frustre, sur une longue portion de son parcours, toux ceux qui utilisaient le bus PC sans leur offrir de compensation.
Ouf ! Vous voilà arrivés enfin porte de la Chapelle, à immédiate proximité de l’énorme « plat de spaghettis » où s’entrecroisent plus de vingt voies de circulation en tous genres et où le T3 est censé tirer sa révérence.
En définitive, le tramway des Maréchaux Est n’est pas que la continuation du tronçon Sud. Il en accentue les travers jusqu’à l’absurde. Son coût n’est pas maîtrisé et son intérêt économique et social, au regard du maintien de l’actuel bus PC qui roule en site propre, est proprement extravagant. On a d’abord parlé de 820 millions d’euros, on évoque désormais 931 et tout cela est-il encore loin du compte.
Mais le pire est la sorte de barrière métallique glissante que le tramway va placer entre Paris et les communes limitrophes. A certaines portes, notamment Dorée, Vincennes, Bagnolet, Lilas, Pantin et la Chapelle, les encombrements seront dantesques, et pas seulement pendant les travaux. Les socialistes parisiens vont faire du Baupin sans Baupin et même du « pire-que-Baupin ». Ils en paieront les pots cassés, c’est bien la seule bonne nouvelle de cette ridicule affaire.