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DELANOPOLIS
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Affaire des Halles : la vérité fait son chemin



S'étant autrefois rangée derrière le projet de "réaménagement" des Halles, l'association Accomplir, au fil des mois, d'abord pour le jardin et maintenant pour la Canopée, a réalisé que ce dossier n'était qu'une gigantesque imposture où l'incompétence municipale n'aura qu'un bénéficiaire : le groupe Unibail qui va se faire payer un nouveau centre commercial par le contribuable parisien.



La Canopée du temps où elle flottait par enchantement ...
La Canopée du temps où elle flottait par enchantement ...
C'est ce qui s'appelle avoir les Halles, l'argent du maraîcher et le sourire de la mairie (crispé) en prime ! Car il apparaît de plus en plus clairement que la ville s'est inconsidérément engagée dans le projet de Canopée sans même qu'on vérifie, à l'occasion du concours d'architecture, si ce bâtiment était réalisable sans fermeture prolongée des commerces et renforcement des piliers de soutien.

Cette question se révélant problématique (il suffisait pourtant de lire les documents autrefois produits par la SemParisCentre, en charge du projet), la municipalité se voit désormais soumise aux pressions d'Unibail, gestionnaire du Forum, et des commerçants, qui peuvent faire monter les enchères et espèrent, tout à la fois, bénéficier d'un bâtiment nouveau, coloniser tout le rez-de-chaussée, dont les équipements publics seront exclus, gagner des mètres carrés supplémentaires et récupérer la propriété complète du site, dont le groupe privé n'a pour l'heure qu'une sorte d'emphytéose.

Pendant des mois, le Delanopolis fut bien seul à dénoncer ces aberrations ruineuses. Mais, de plus en plus, riverains et associations réalisent l'ampleur du désastre et Accomplir, autrefois soutien déterminé du projet, en voit désormais tous les vices. Jardin, Canopée, finances, chantier : rien ne trouve plus grâce à ses yeux et elle a bien raison de se révolter.

Pour vous en rendre compte, voici en avant-première les pages que cette association va consacrer à ce sujet dans sa future lettre d'information que le Delanopolis s'est procurée. Edifiant !

"La Lettre d’ ACCOMPLIR

Participant à la concertation depuis 2003, nous avons pu constater les dérives et aberrations du projet des Halles et les avons dénoncées, mais nous n’avons guère été écoutés. Les médias se sont largement désintéressés du sujet et se contentent de recopier les communiqués de l’Hôtel de Ville.

Peut être, lorsque le chantier débutera dans quelques mois, ou quand il sera fini dans quelques années, les journalistes prendront-ils conscience, un peu tard,des nombreux « ratés » de ce projet ?

➊➤Le grand toit est une ineptie

Couvrir d’un toit le « cratère » du Forum des Halles est une surprenante idée à l’heure où tous les centres commerciaux souterrains essaient de se doter de puits de lumière. Le toit géant de la Canopée privera les 3 000 salariés et les clients des rayons du soleil mais en revanche, il n’arrêtera pas complètement la pluie, car il est constitué d’ailettes afin de permettre l’évacuation des fumées. Personne ne sait à quoi ce grand espace public semi-couvert pourra servir, et compte tenu du caractère « sensible » du site, on craint qu’il s’avère difficile à gérer. La nuit, faudra-t-il l’entourer de grilles ? Le jour, le confier aux vigiles d’Unibail ? Ces questions ont été laissées pour plus tard, la priorité étant donnée à la résolution d’épineux problèmes techniques. La structure du Forum ne pouvant supporter un tel poids, il va falloir renforcer 18 des piliers porteurs jusqu’au niveau du RER
et pour cela fermer temporairement de nombreux commerces, dont une partie de la FNAC. En surface, on mobilisera une grue géante dont il n’existe que trois exemplaires en Europe. Au plus fort des travaux, 800 ouvriers seront présents en même temps et l’espace prévu dans le jardin pour la cité de chantier s’annonce déjà insuffisant. Pourquoi s’obstiner à faire ce grand toit qui coûte très cher et
ne servira à rien ?

➋➤La Canopée n’accueillera pas d’équipements métropolitains.

Un bâtiment aussi coûteux (310 M€ d’après nos calculs) et un chantier aussi colossal pourraient se justifier pour un grand équipement métropolitain, mais la Canopée accueillera essentiellement des équipements de proximité. L’Hôtel de Ville a découvert récemment que la faible largeur des rues adjacentes interdisait d’aller au-delà de 2 500 personnes simultanément présentes dans les équipements publics. Une fois pris en compte les usagers du conservatoire du centre, de la bibliothèque de quartier et du centre des pratiques amateurs, il restera peu de capacité d’accueil. Même l’auditorium de 350 places, naguère considéré comme le programme phare de la Canopée, a été abandonné. Le seul équipement présenté comme « métropolitain » sera un espace de 1 300 m2 situé au 1er étage et dédié au hip-hop. Tout ça pour ça ?

➌➤Le jardin des Halles est massacré.

Environ 85 M€ (selon les calculs du Maire du 1er) vont être consacrés à détruire un jardin qui venait juste de parvenir à maturité et qui est plébiscité par 88 % de ses usagers (sondage IPSOS 2006). L’architecte va le mettre totalement à plat (sous prétexte de le sécuriser alors que c’est un havre de paix !), supprimer les fontaines, détruire les allées, tronçonner 279 arbres de 25 ans d’âge et les remplacer par des petits arbres qui mettront le même temps à retrouver cette taille. Deux équipements extrêmement appréciés aussi bien par les riverains que par les Parisiens et les touristes vont être détruits : l’amphithéâtre René Cassin et le jardin Lalanne.

➍➤Le phasage va durement pénaliser le quartier.

Le point de départ du projet était la nécessité de réaménager la salle d’échange du RER et d’améliorer ses accès. Ce sera pourtant la partie du projet réalisée en dernier et elle ne représentera qu’un quart du budget (189 M€ sur 760). A ce chantier déjà énorme en soi viendront s’ajouter celui de la voirie souterraine, également indispensable ; celui de la Canopée, nettement plus discutable ; et celui du jardin, totalement contestable. Sans parler du chantier de la Samaritaine, tout proche, qui débutera en même temps. Trente ans après le Trou des Halles, c’est l’ensemble du quartier qui va à nouveau être plongé dans les gravats, le bruit, la poussière et le ballet des camions pendant au minimum six ans. Ne pourrait-on au moins se dispenser de ravager le jardin ?

➎➤ Le plan de financement a été oublié.

On nous a longtemps bercés de l’idée que c’était Unibail, gestionnaire du centre commercial, qui paierait l’essentiel de la facture. Un quotidien annonçait il y a encore quelques semaines, à tort, que le promoteur immobilier financerait les deux tiers des 760 M€ annoncés. Le Canard enchaîné du 03/12/08 avait pourtant révélé une réalité toute autre. L’Hôtel de Ville ne s’est pas préoccupé suffisamment tôt de discuter des conditions de financement et Unibail prétend aujourd’hui que ce projet va surtout représenter pour lui d’énormes nuisances : l’une de ses dirigeantes, Marguerite des Cars, nous a affirmé sérieusement que le centre commercial n’y gagnerait pas un seul client supplémentaire ! Le Maire de Paris a donc annoncé en avril que la Ville paierait elle-même 460 M€ sur 760 M€ et que le reste serait financé par la région, le STIF, la RATP, l’Etat et Unibail, sans préciser selon quelle répartition. Nous notons que dans tous les cas, le projet des Halles sera payé essentiellement par le contribuable… Le Maire de Paris n’a pas non plus révélé le montant des dédommagements demandés par Unibail, probablement bien supérieurs à sa contribution au projet, et s’est gardé de mentionner les centaines de millions déjà dépensés par la Ville depuis 2003 sur cette opération… A-t-on déjà vu lancer un projet d’une telle ampleur sans se mettre d’accord au préalable sur un plan de financement ?

Pour inciter les gens à participer à l’enquête publique qui s’est déroulée du 15 juin au 17 juillet, nous avons organisé le 20 juin une grande opération sur l’ensemble du Jardin des Halles. Nous avions placé sur les 279 arbres promis à l’abattage des collerettes portant divers messages : « J’ai 20 ans et je ne veux pas mourir », « J’ai poussé pour rien », « Bientôt la tronçonneuse », etc. Sur notre stand, les passants étaient invités à écrire un petit mot sur une grande bannière représentant la place Cassin dessinée par Michel Ocelot, le réalisateur de Kirikou : ils ont été plusieurs centaines à se succéder tout l’après-midi. Enfin, une immense banderole «Défense de détruire » était installée sur l’amphithéâtre. Deux jours plus tard, lors de la réunion publique qui a attiré 300 personnes au gymnase Berlioux, nous avons solennellement remis la bannière aux commissaires enquêteurs. Presque toutes les contributions, ce soir-là comme dans les registres de l’enquête publique, dénonçaient le projet absurde de David Mangin pour le Jardin des Halles. Espérons que les commissaires enquêteurs auront compris qu’il y a un gros problème sur cet aspect du projet ! Leur rapport sera publié en novembre ou décembre. Lors de l’opération « Cinéma au clair de lune » le 23 août sur la place Cassin, nous avons à nouveau distribué des centaines de tracts intitulés La dernière séance et redéployé notre grande banderole. Nous prévoyons maintenant de communiquer beaucoup plus largement vers l’ensemble des usagers des Halles."

Hé, bé ! Quand Accomplir aura réalisé que tous les chiffres qu'il évoque sont largement minorés, et que la ville paiera bien plus encore, qu'est-ce que ce sera !

Lundi 7 Septembre 2009
Serge Federbusch






1.Posté par Cheminade le 15/09/2009 10:03
Tout cela est peut-être, et même certainement, vrai, mais comment des riverains et quelques personnes « au fait et compétentes » ont pu, faire un tel choix. Le nom même de Canopée est une sorte d'idiotie.
Ce centre commercial avec son atrium et ses coursives était bien ce qu'on peut faire de mieux dans le genre. En revanche, la réalisation fut médiocre.
Un réaménagement aurait donc, logiquement, dû confirmer l'intérêt de cet atrium, et lui apporter davantage de profondeur, et conforter la qualité de réalisation.
C'est là qu'on se rend compte que le projet de Oma Rem Koolhaas était le plus architectural et le plus représentatif de notre époque, fin XXe et début XXIe siècle.
Ce qui est fait, est fait. Maintenant, ce qu'on peut espérer de mieux, c'est que la Mairie de Paris ne trouve pas le financement, et en conséquence, retarde les travaux jusqu'à ce que, une nouvelle équipe d'élus, lors de la prochaine élection municipale, reprenne les chose en main, et donne une autre direction à ce réaménagement.
Pour le jardin, n'en déplaise à tous les défenseurs de l'actuel, il est sûr que tous les projets remanieront ce jardin. En bien ou en mal, ça c'est une question d'appréciation.
Actuellement, avec ses aménagements, il présente un réel intérêt, mais traversé comme il l'est par toutes sortes de véhicules, il a perdu sa qualité de jardin de promenade et de repos.
Alors, le transformer, pourquoi pas.

2.Posté par Maurice le 16/09/2009 07:31
Détruire ce jardin est du massacre purement et simplement du massacre ! Pas de ravage de jardin car ils vont le détruire pour faire à la place un "machin" que seul des Bourg-Beauf peuvent s'extasier devant.
Que font les élus vert à se sujet ? Vous n'en parlez pas. (à moins d'avoir mal lu)
De plus, nous allons TOUS être concerné par ses travaux au travers de l'impôt
" le reste serait financé par la région, le STIF, la RATP, l’Etat"
L'état ce sont tous les foyers fiscaux Français. Comment envisager de faire payer "ça" à TOUS ?!

3.Posté par Whatdoyouwant le 28/02/2014 14:23
Je trouve cette "canopée" hideuse et obsolète avant même qu'elle soit terminée. Quelle mocheté ce truc. C'est scandaleux de défigurer ce quartier de la sorte. Sans compter, comme d'habitude les magouuilles politicofinanciéres...beurk beurk

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