« A l’heure où la ville de Paris (prétend faire ndlr) de la lutte contre l’exclusion un engagement majeur, notre sentiment d’abandon sur le terrain est réel. Pour le dire très clairement, ce n’est rien moins que l’implication des agents en première ligne qui est en jeu » affirment les bibliothécaires.
La bibliothèque Václav-Havel, située dans le quartier de La Chapelle dans le Nord de la capitale, est-elle abandonnée par son administration de tutelle, en l’occurrence la mairie de Paris? C’est en tout cas le sentiment bien réel des bibliothécaires qui y travaillent… Après avoir dénoncé un climat de violence au mois de janvier, la situation ne s’est pas améliorée. Bien au contraire même puisque de graves incidents sont de nouveaux survenus ces dernières semaines.
« Le Mardi 20 mars à 15h, nous avons de nouveau été contraints d’évacuer et de fermer la bibliothèque en raison d’une altercation entre deux usagers. Après avoir blessé quelqu’un par arme, l’agresseur a stationné devant l’établissement armé d’une barre de fer ramassée sur l’esplanade (et qui traînait là depuis plusieurs jours), proférant des menaces de mort à l’encontre de l’agent de sécurité et de l’équipe, jusqu’à l’arrivée de la police. Celle-ci est intervenue après 25 minutes et deux appels, et a appréhendé l’individu agressif. Si cet événement témoigne d’un cran supplémentaire dans la violence à laquelle nous avons à faire face dans l’exercice de nos fonctions, il ne s’agit aucunement d’un évènement isolé. Un autre échange de coups avait été signalé à la date du samedi 10 mars, tout comme un affrontement sur l’esplanade la veille au cours duquel une jeune fille s’était réfugiée dans la bibliothèque. Bien sûr, ces évènements font écho à ceux de janvier 2018 et d’août 2017 » ont témoigné les personnels de la bibliothèque Václav-Havel lors d’un Comité Hygiène et Sécurité (CHSCT) de la Direction des Affaires Culturelles de la Ville de Paris.
Mais les agents dénoncent surtout, au-delà de ces événements, une situation devenue intenable pour fonctionner au quotidien : « c'est bien une dégradation continue de nos conditions de travail qui est à l’œuvre. Après quatre ans d'ouverture, le turnover de l’équipe est exceptionnellement élevé et traduit une fatigue grandissante de l’équipe (à titre d’exemple, l’ensemble de l’encadrement intermédiaire a déjà été renouvelé deux fois : un(e) adjoint(e) de direction, quatre responsables de pôles). Les bibliothécaires de Václav Havel ont choisi d'exercer leurs fonctions dans un quartier difficile et l’ont fait avec un volontariat sans faille, notamment en répondant à des demandes qui dépassent le cadre de leurs compétences, dans un contexte général de défaillance des pouvoirs publics à l’égard de populations en situation d’extrême précarité ».
A preuve d’exemple la bibliothèque Václav Havel inscrit à elle seule 20% des minima sociaux de tout le réseau parisien sans parler des non-inscrits qui fréquentent aussi l’établissement. Et les personnels de constater : « pour autant, à la date du 20 mars, et malgré une situation exceptionnelle qui s’installe dans la durée, aucune des demandes de l’équipe n'avait trouvé de réponse ». Des demandes pourtant loin d’être extravagantes comme l’affectation d’un médiateur expérimenté. Par ailleurs même si un service de ménage est désormais présent également l’après-midi ce n'est pas du luxe car on ne peut pas dire qu’à Václav-Havel la mairie entretienne correctement ses locaux puisqu'une des toilettes n’a plus de lumière et une autre plus de distributeur de savon (il est cassé) depuis près de cinq mois.
Pour parer au plus pressé et calmer un peu la colère des agents, l’administration a pris une première mesure forte, affecter provisoirement des agents supplémentaires en provenance d’établissements fermés pour travaux (quoique que certains soient aussi pris autoritairement au détriment d'autres bibliothèques toujours ouvertes). Mais la seconde ne manque pas de sel dans le débat actuel puisque il s'agit de.......réduire les horaires de la bibliothèque ! Laquelle désormais n’ouvrira plus que l’après-midi ! Un message certes peu amène envers un célèbre académicien mais qui ne règle rien dans le fond car le mal est plus profond. « Les rythmes de travail, l’intensité des plages de service public, font qu’une partie de l’équipe cherche à partir alors même que la bibliothèque a d’ores et déjà mauvaise presse dans le réseau, avec des difficultés certaines à pourvoir les postes vacants. Le risque est réel de voir les services proposés par la bibliothèque arrêtés faute de personnels qualifiés et motivés pour les assurer » déclarent, amers, les collègues de Václav-Havel qui ne peuvent même pas bénéficier d’une prime octroyée aux agents travaillant en « zone sensible ». Et oui, la bibliothèque n’y figure pas car, installée sur une ancienne friche industrielle, elle a été oubliée à une rue près dans le découpage administratif. Bienvenue en absurdie...
Et les bibliothécaires de constater, dépités, « qu'à l’heure où la Ville de Paris fait de la lutte contre l’exclusion un engagement majeur, notre sentiment d’abandon sur le terrain est réel. Pour le dire très clairement, ce n’est rien moins que l’implication des agents en première ligne qui est en jeu. La Ville de Paris ne pourra pas faire l’économie de valoriser les choix professionnels des agents qui s’impliquent chaque jour davantage, avec des moyens limités, pour proposer des services de qualité aux populations qui en ont le plus besoin ». D’autant qu’ils ne sont pas les seuls concernés puisque « ces questions de la valorisation salariale, de la mise en place d’emplois spécialisés (médiateur), de la prise en charge des publics précarisés sont des problématiques qui concernent d’ores et déjà d’autres bibliothèques et sont au cœur des mutations de notre métier et des multiples facettes qu’il recouvre désormais. Nous attendons de notre hiérarchie et des pouvoirs publics qu’ils se saisissent urgemment de ces questions ». Effectivement, il y a comme qui dirait urgence.
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« Le Mardi 20 mars à 15h, nous avons de nouveau été contraints d’évacuer et de fermer la bibliothèque en raison d’une altercation entre deux usagers. Après avoir blessé quelqu’un par arme, l’agresseur a stationné devant l’établissement armé d’une barre de fer ramassée sur l’esplanade (et qui traînait là depuis plusieurs jours), proférant des menaces de mort à l’encontre de l’agent de sécurité et de l’équipe, jusqu’à l’arrivée de la police. Celle-ci est intervenue après 25 minutes et deux appels, et a appréhendé l’individu agressif. Si cet événement témoigne d’un cran supplémentaire dans la violence à laquelle nous avons à faire face dans l’exercice de nos fonctions, il ne s’agit aucunement d’un évènement isolé. Un autre échange de coups avait été signalé à la date du samedi 10 mars, tout comme un affrontement sur l’esplanade la veille au cours duquel une jeune fille s’était réfugiée dans la bibliothèque. Bien sûr, ces évènements font écho à ceux de janvier 2018 et d’août 2017 » ont témoigné les personnels de la bibliothèque Václav-Havel lors d’un Comité Hygiène et Sécurité (CHSCT) de la Direction des Affaires Culturelles de la Ville de Paris.
Mais les agents dénoncent surtout, au-delà de ces événements, une situation devenue intenable pour fonctionner au quotidien : « c'est bien une dégradation continue de nos conditions de travail qui est à l’œuvre. Après quatre ans d'ouverture, le turnover de l’équipe est exceptionnellement élevé et traduit une fatigue grandissante de l’équipe (à titre d’exemple, l’ensemble de l’encadrement intermédiaire a déjà été renouvelé deux fois : un(e) adjoint(e) de direction, quatre responsables de pôles). Les bibliothécaires de Václav Havel ont choisi d'exercer leurs fonctions dans un quartier difficile et l’ont fait avec un volontariat sans faille, notamment en répondant à des demandes qui dépassent le cadre de leurs compétences, dans un contexte général de défaillance des pouvoirs publics à l’égard de populations en situation d’extrême précarité ».
A preuve d’exemple la bibliothèque Václav Havel inscrit à elle seule 20% des minima sociaux de tout le réseau parisien sans parler des non-inscrits qui fréquentent aussi l’établissement. Et les personnels de constater : « pour autant, à la date du 20 mars, et malgré une situation exceptionnelle qui s’installe dans la durée, aucune des demandes de l’équipe n'avait trouvé de réponse ». Des demandes pourtant loin d’être extravagantes comme l’affectation d’un médiateur expérimenté. Par ailleurs même si un service de ménage est désormais présent également l’après-midi ce n'est pas du luxe car on ne peut pas dire qu’à Václav-Havel la mairie entretienne correctement ses locaux puisqu'une des toilettes n’a plus de lumière et une autre plus de distributeur de savon (il est cassé) depuis près de cinq mois.
Pour parer au plus pressé et calmer un peu la colère des agents, l’administration a pris une première mesure forte, affecter provisoirement des agents supplémentaires en provenance d’établissements fermés pour travaux (quoique que certains soient aussi pris autoritairement au détriment d'autres bibliothèques toujours ouvertes). Mais la seconde ne manque pas de sel dans le débat actuel puisque il s'agit de.......réduire les horaires de la bibliothèque ! Laquelle désormais n’ouvrira plus que l’après-midi ! Un message certes peu amène envers un célèbre académicien mais qui ne règle rien dans le fond car le mal est plus profond. « Les rythmes de travail, l’intensité des plages de service public, font qu’une partie de l’équipe cherche à partir alors même que la bibliothèque a d’ores et déjà mauvaise presse dans le réseau, avec des difficultés certaines à pourvoir les postes vacants. Le risque est réel de voir les services proposés par la bibliothèque arrêtés faute de personnels qualifiés et motivés pour les assurer » déclarent, amers, les collègues de Václav-Havel qui ne peuvent même pas bénéficier d’une prime octroyée aux agents travaillant en « zone sensible ». Et oui, la bibliothèque n’y figure pas car, installée sur une ancienne friche industrielle, elle a été oubliée à une rue près dans le découpage administratif. Bienvenue en absurdie...
Et les bibliothécaires de constater, dépités, « qu'à l’heure où la Ville de Paris fait de la lutte contre l’exclusion un engagement majeur, notre sentiment d’abandon sur le terrain est réel. Pour le dire très clairement, ce n’est rien moins que l’implication des agents en première ligne qui est en jeu. La Ville de Paris ne pourra pas faire l’économie de valoriser les choix professionnels des agents qui s’impliquent chaque jour davantage, avec des moyens limités, pour proposer des services de qualité aux populations qui en ont le plus besoin ». D’autant qu’ils ne sont pas les seuls concernés puisque « ces questions de la valorisation salariale, de la mise en place d’emplois spécialisés (médiateur), de la prise en charge des publics précarisés sont des problématiques qui concernent d’ores et déjà d’autres bibliothèques et sont au cœur des mutations de notre métier et des multiples facettes qu’il recouvre désormais. Nous attendons de notre hiérarchie et des pouvoirs publics qu’ils se saisissent urgemment de ces questions ». Effectivement, il y a comme qui dirait urgence.
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