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Psychanalyse d'Inception



Les foules se pressent pour voir ce curieux film qui tente un peu scolairement de nous donner la clé des songes. Et si nous nous amusions à en psychanalyser l'auteur ?



Psychanalyse d'Inception
Le rêve intrigue les hommes depuis qu'ils s'agitent sur cette planète. Son évanescence rend sa figuration délicate. Tout s'y passe de manière plus "concentrée" que dans la vie "réelle", le cerveau se focalise plus librement sur ce qui le préoccupe, moins saturé qu'il est par les données immédiates de la conscience, comme disait Bergson. Enfin, il serait ridicule d'ouvrir ici une discussion sur ce sujet fort complexe ...

Le réalisateur d'Inception n'a pas eu pareille inhibition. Il ballade ses spectateurs dans les différentes strates de l'inconscient, les transformant en mineurs de fond du cerveau reptilien. Comme le propos pourrait aisément rebuter par un excès de complication, pour ne pas perdre son public en route et risquer l'échec commercial, Christopher Nolan se contente du strict minimum pour le reste du scenario : une histoire éculée de mari rongé par le souvenir du suicide de sa femme et de manipulation à des fins industrielles. Les personnages sont donc tous des illustrations fortement appuyées d'un type de caractère. Le film, soigneusement réalisé avec de très gros moyens, prend donc vite un tour un peu scolaire. Mais c'est précisément ce qui plaît au public : il se rapproche du rêve moyen de tout un chacun ou plutôt de l'idée qu'il s'en fait. La clé des songes dans le trousseau de mon voisin ...

Plutôt que de dégoiser sur cette oeuvre mineure qui, au passage, rappelle étrangement un film de Vincenzo Natali, sorti en 1999 : "Cube", d'ailleurs plus innovant sur le plan narratif et formel, amusons-nous, chacun son tour, à flâner dans l'inconscient de Christopher Nolan.

Des tours qui s'effondrent ? Des femmes et des hommes qui se jettent dans le vide ? Des tueurs dont on ne verra jamais vraiment le visage ? Et tout ceci se passe dans un avion sous contrôle et une mémoire difficile à fixer ... Quand donc Hollywood fera-t-il enfin son premier vrai grand film d'action populaire sur le 11 septembre 2001 ? La chose est difficile car les méchants ont réussi leur coup, aucun scénario ne pourra jamais prétendre le contraire. Mais il doit bien y avoir une façon de contourner ce problème. Tant que la grande fabrique du rêve contemporain n'aura pas trouvé la clé de ce cauchemar, Al Qaeda continuera de dominer l'imaginaire américain.

Jeudi 29 Juillet 2010
Serge Federbusch





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