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Gadafi à Paris ... 4


La suite de la politicomédie en vers et contre tout signée Claude Feder.

Résumé des scènes précédentes : Sganeron, majordome de Nicolas Sara-Cosi, coprince d’Andorre et chanoine de Saint-Jean de Latran, est démasqué par Océane, gendarme de faction à l’Elysée : c’est un agent de la DST infiltré pour surveiller le chef de l’Etat. Mais l’appel des sens les unit immédiatement.

Le coprince vit à l’Elysée avec deux femmes : Cécilina et Carlotta. Seule la première est connue, Carlotta se pliant à la clandestinité pour tromper son monde. Pendant ce temps, Caroline Schpountz, marchande de canons cherche à tirer parti de la présence du Lybien.




Gadafi à Paris ... 4
Scène 4

Marjolaine Ducal (leadeuse de l'opposition) et Roland des Bris (président de l'Assemblée sénatoriale), dans la pièce où Sganeron et Océane se trouvaient.


Marjolaine Ducal

Ce petit ténébreux nous prend tous pour des nœuds.
Mais comment refuser d’aller à l’Elysée ?
Les visites officielles pour nous sont essentielles.
Si nous n’y sommes pas, adieu les caméras,
Notre bruit médiatique ne fait plus de musique,
Les journaux nous délaissent et notre cote baisse.

Roland des Bris

Pour moi c’est encore pire, je ne saurais le fuir.
Chef de l’Assemblée, c’est pieds et poings liés
Qu’il me faut figurer à tous ses déjeuners.

Marjolaine

Je revois chaque jour les plus pendables tours,
Les crasses épouvantables, les coups les plus minables
Qu’il m’infligea gaiement, me causant mille tourments.
Je lui en fis aussi mais ce n’est pas poli
De maltraiter les dames et il faut qu’on le blâme.

Roland des Bris

Il y a encore pis : être du même parti,
Là où se multiplient les frères ennemis.
Il me fit tomber bas et puis il m’enfonça,
Profita de clichés que je dis falsifiés,
Fomenta une cabale et en ouvrit le bal.

Marjolaine

Allons, mon vieux des Bris, on sait dans tout Paris
Tes tours de galipettes et ton goût des pépettes.
Tu n’es ni blanc ni gris, ton tort fut d’être pris.

Roland des Bris

Jamais je n’avouerai, jamais je ne dirai …

Marjolaine

Je ne vois pas pourquoi tu te tiens ainsi coi.
Nous ne sommes concurrents et avons la même dent
Contre l’usurpateur objet de nos rancœurs.
Tu as pu t’amuser dans un genre dénudé.
Je ne saurais juger une âme et ses secrets.
Tout ce qui me motive c’est de voir sa dérive,
Tout ce qui m’insupporte c’est de croire qu’il s’en sorte.

Roland des Bris

Ainsi, tu ne te lasses de convoiter sa place ?
Ton opiniâtreté est une preuve de santé.
Ton ambition si folle, mon esprit en raffole.
Et tu peux me compter parmi tes affidés
Dès lors que nos transports nous conduisent aux mêmes ports.

Il lui prend la main.

Marjolaine Ducal (la retirant vivement)

Tu n’espères pas vraiment !?

Roland des Bris (riant)

Marjolaine tu disjonctes,
Des jeunesses qui me chantent,
Tu ferais bien la tante.

Marjolaine Ducal

Ah ?

Roland des Bris

Enfin … je ne sais pas… plutôt la sœur aînée.
Celle qu’on ne convoite pas de peur d’être grondé.

Marjolaine Ducal

C’est beaucoup mieux ainsi, je ne veux m’engager
Dans toutes ces amourettes qui vous tournent la tête
Vous les hommes politiques qui ne pensez que … que … que…

Roland des Bris

Trique .. ?

(Elle nie de la tête)

Ni i i …

(Elle redouble de dénégation et prend un air outré.)

(Il hausse les épaules et continue.)

Comme tu nous connais bien, comme tu mériterais
D’œuvrer à notre bien et de nous gouverner.
Les Français à tes bottes apporteront leurs votes.
Unis, de ce chanoine et de son patrimoine
Nous raflerons la mise ma Marjolaine exquise.

Marjolaine Ducal (à part)

Il lui faut peu de temps pour me prêter serment.
Je soupçonne ce gredin de ne tendre la main
Que pour mieux m’étrangler quand je serais tournée.

Roland des Bris

Je ne suis pas certain que tout ce baratin
Ait vaincu sa méfiance malgré mon bel entrain.
Mais je n’ai guère le choix, Marjolaine est la croix
Qu’il me faut transporter pour un jour me venger.

(La lumière s’éteint)





Dimanche 8 Février 2009
Serge Federbusch





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