Connectez-vous
DELANOPOLIS
Revenir à l'accueil | Envoyer à un ami | Version imprimable | Augmenter la taille du texte | Diminuer la taille du texte | Partager

Gadafi à Paris ... 7


La suite de la politicomédie en vers et contre tout signée Claude Feder.

Résumé des scènes précédentes : Sganeron, majordome de Nicolas Sara-Cosi, coprince d’Andorre et chanoine de Saint-Jean de Latran, est démasqué par Océane, gendarme de faction à l’Elysée : c’est un agent de la DST infiltré pour surveiller le chef de l’Etat. Mais l’appel des sens les unit immédiatement.

Le coprince vit à l’Elysée avec deux femmes : Cécilina et Carlotta. Seule la première est connue à l'extérieur, Carlotta se pliant à la clandestinité pour tromper son monde. De leur côté, marchands de canons, opposants, ministres et conseillers complotent et déblatèrent, espérant tirer parti de la présence du Lybien.

Ce dernier, entouré des Tigresses, ses gardiennes du corps, est en visite à Paris avec comme seul objectif de récupérer Carlotta, si besoin par la force.



Gadafi à Paris ... 7
Acte 2

Scène 2


Retour au vestibule du premier acte - Sganeron, Caroline Schpountz (marchande de canons), Océane


Caroline

Grâce à vous j’y vois mieux : ce sont bien des jumelles !
Tant de hasards curieux aujourd’hui se démêlent.
C’est sûr vos manigances le plongeront en transe.
Pour récupérer une de ses dulcinées
Nico fera la nique aux lois diplomatiques.
Nous pourrons refiler des secrets atomiques
Au pépère Gadafi et empocher le fric.
Nous livrerons alors les pires machines de mort
Et lui facturerons jusqu’aux frais de transport.

Sganeron

C’est comme si c’était fait, ton affaire est réglée.
Dès qu’il ne verra plus sa nana disparue
Ce sera la panique. Oubliant l’Amérique
Et tous les embargos imposés aux gogos
Il donnera son viatique aux ventes d’armes chimiques et bactériologiques

Caroline (soupirant)

Et Dieu sait si mes stocks de produits frelatés
Attendent dans des docks le droit d’être exportés.

Sganeron (fermement, à Caroline)

Ne nous emballons pas.
Il faut au préalable que je palpe du gras et non de la palabre

Océane (prenant Sganeron par le cou et fixant Caroline)

Mon Sganeron et moi avons de gros besoins.
Grisés par nos émois, nous mènerons grand train.
Nous ferons mille bombances au plus loin de la France.
Plus jamais parmi vous on ne verra nos poux !

Sganeron (à Caroline)

J’en ai soupé ma chère de la triste misère
Et du destin amer de tous les fonctionnaires.
J’ai envie moi aussi de luxes, de frénésies
De yachts, de Ferrari, Porsche et Maserati.

Océane

Oubliés les campings, les tongs et les ping-pongs !

Sganeron

Depuis plusieurs étés Madame la déesse Thais ne m’a pas remplumé.
J’emprunte, je fais des dettes que ma banque rejette.

Océane

Mon dernier beau soutif périt entre les griffes
De l’épouse enragée d’un autre brigadier.
Je suis plus mal chaussée qu’une femme de cordonnier
Et la maréchaussée va la sandale aux pieds.

Sganeron (à Caroline)

Aussi tu comprendras que nous voulons des draps,
Des voiles de premier choix pour péter dans la soie.
Nous pourrons aligner des chiffres sans virgules
Sur des comptes planqués dans des îles Théodule.

Caroline

Ne soyez pas inquiets, je vous abreuverai
Jusqu’à la satiété mais il me faut d’abord
L’assurance qu’à bon port votre petit trésor
Parviendra à mon bord.

Sganeron

Ces sœurs de malheur fonceront têtes baissées
Et sans la moindre peur dans mon piège rusé.

Caroline

Laquelle choisiras-tu, laquelle sera perdue ?

Sganeron

J’ai souvent remarqué que de Cécilina
Le chanoine est pincé plus que de Carlotta.
La première le maltraite et le bougre aime ça.
La seconde le sous-traite quand l’autre n’en veut pas.

Caroline

Peu m’importe, voyez-vous, laquelle est à son goût
Ce singulier duo devra faire le gros dos.
Si l’une d’elles est touchée l’autre sera coulée.
Leur solidarité deviendra notre alliée.

Océane

Nous les attirerons dans un laid guet-apens.
Se faisant du mouron, c’est doux comme un mouton
Que nous retrouverons un chanoine moribond.
Il sera prêt à tout dans notre rendez-vous.

Caroline

En vous, mes deux comparses, je crois avoir trouvé des alliés efficaces.
Dès qu’il aura signé, vaincu par vos menaces,
Les décrets libérant mes obus dégueulasses,
Vous serez cousus d’or et mes ronds par pléthores
Iront s’amonceler là où vous le voudrez.
Les amis je vous laisse car la foule se presse
Au cocktail de bienvenue donné pour les faux-culs.
Surtout, n’oubliez pas que demain au plus tard
Vous me délivrerez le joli bout de lard.

(Elle quitte la scène.)

Sganeron (à Océane)

Tout fonctionne à merveille.
Bientôt j’aurai l’oseille !

Océane

Nous aurons … si tu veux
Car vois-tu nous sommes deux !

(Elle lui saisit le poignet.)

Sganeron

Tu sais bien que je parle de nous comme d’un seul.

Océane

C’est tant mieux car les râles sont plus longs chez les veules.

Sganeron (haussant les épaules)

Nous sommes associés, notre accord est scellé.
En un après-midi de toi je fus épris.
Mon projet tropical sans toi serait bancal.
A peine avais-je goûté à tes appâts secrets
Que j’étais subjugué au point d’être drogué.
Tes rondeurs, ma douceur, sont une vraie splendeur.
Puisque je t’ai trouvée mes désirs sont comblés.

Océane (à part)

Comme il cause bien ce summum de vaurien !
C’est un joli voyou et si j’allais au trou
J’oublierais les écrous juchée sur ses genoux.
Mais question de confiance, je garde mes distances.

Sganeron (à part)

Pour sûr c’est un bon coup mais il y en a beaucoup.
Elle ne doit pas savoir mes intrigues de bazar
Sitôt l’affaire faite, je prendrai l’escampette
Et laisserai Océane monter sur un autre âne.


Dimanche 1 Mars 2009
Serge Federbusch





Nouveau commentaire :

Editos | Les Dernières Nouvelles de Delanopolis | Brèves de trottoir | Ségo Bashing | PariBao - le Dazibao de Paris | Delanopolis hors les murs | Delanopolis Street Art | Gastropolis | Le Delanopolis littéraire | Jouez au Delanopolis | Chroniques Jupitériennes